Une rencontre bien étrange [PV Andrew]

Le paysage était splendide. Par delà les montagnes, le soleil se levait paresseusement, distillant dans le ciel ses couleurs douces et chaudes en halo, l’imprégnant de féérie et d’une beauté incommesurable avec les nuages cotonneux qui flirtaient avec le vent. La teinte orangée qu’avait pris l’immensité normalement d’un cyan profond ornait le monde d’une nouvelle vie, si étrange et pourtant si éphémère. Naïya sourit. Elle avait toujours été sensible à la beauté des paysages, depuis sa plus tendre enfance. Même en ayant grandi dans la Forteresse du Sorcier, qui pourtant était somptueuse dans son architecture ou même dans les jardins alentours, comme ceux du palais des Inquisitrices, elle avait gardé cette fascination enfantine pour les paysages sauvages et intatteignables, ou presque. C’était une beauté toute entière qui s’étalait devant ses yeux ébahis. Elle avait voyagé, aussi, pourtant. Sur un cheval, avec son père, lorsqu’elle était enfant. Pour aller jusqu’au palais du Prophète, où là encore les jardins étaient somptueux. Elle avait voyagé aussi seule, durant des années, avant que le Premier Sorcier ne lui offre l’Epée de Vérité. La splendeur sauvage ne s’était jamais ternie dans son esprit. Elle avait toujours été émerveillée, et ne perdait en rien cette caractéristique que pourtant on allouait trop aisément aux enfants qui ont encore tant à découvrir du monde. L’habitude ne gâchait en rien les paysages qu’elle voyait, loin de là. Elle leur donnait un éclat particulier, parce que chaque jour était un jour différent, et elle avait une manière différente de l’aborder.

Laissant son souffle se mêler à la brise matinale, Naïya posa son regard virant à l’orange sur la Frontière d'une couleur entre le vert clair et le noir qui lui faisait face. Elle n’était pas à découvert, avait bien fait exprès de ne pas l’être, car elle savait pertinemment que les personnes de l’autre côté de cette Frontière ignoraient tout de la magie. Dans une envie irrésistible, elle s’avança donc vers cette déroutante menace, ne sachant pas exactement où elle se trouvait, mais ayant tout à fait conscience que lorsqu’elle la toucherait, elle serait sans doute encore plus effrayante qu’elle ne l’était jusqu’alors. Faisant rouler dans sa paume la pierre de nuit qu’elle avait récupérée en partant de la Forteresse du Sorcier, elle se demanda si ce qu’elle faisait était vraiment une bonne chose. Passer de l’autre côté de la Frontière pour rejoindre les Terres d’Ouest, alors qu’elle ne savait pas vraiment si ce qui était murmuré parfois dans l’Ancien Monde était vrai. Certes, cette Inquisitrice avait fui le palais des gens de sa caste avec ses deux jumeaux. Jumeaux, parce qu’il y avait aussi un garçon, dans l’histoire, et que d’après les textes de lois, il fallait les tuer dès leur naissance car sinon ils devenaient complètement incontrôlables. Oui, c’était d’ailleurs pour cela qu’elle devait y aller. Pour savoir s’il n’avait pas pris le pouvoir dans ces lieues reculées. Ce n’était pas tant une mission que cela, mais elle devait savoir la vérité. C’était une nécessité, depuis plusieurs années déjà. Même avant de recevoir l’Epée. Certes, tout cela avait vingt ans. Peut-être étaient-ils tous morts, elle n’en savait rien. Sans doute les un ou les autres avaient trépassé. Cela était vieux, personne ne s’était plus penché là-dessus. Mais lorsque Naïya s’était penchée sur les archives, cela l’avait interloquée. Elle avait juste voulu savoir. Et puis, elle n’était jamais allée en Terre d’Ouest. C’était une bonne manière de concilier deux choses. Même si elle ne se faisait pas d’illusions, et ne nourrissait pas d’espoir secret de trouver ces personnes. C’était une excuse qu’elle s’était donnée, pour passer en Terre d’Ouest, et franchir la Frontière...

En pensant à son épée, Naïya la fit glisser dans son fourreau, appréciant la note légère qui en résulta. Un léger sourire vint étirer ses lèvres quelques secondes, avant qu’elle ne s’avançât à nouveau vers la Frontière, une main en avant, doigts tendus pour la toucher plutôt que de s’y heurter plus ou moins violemment. Elle devait bien avouer qu’elle appréhendait légèrement le moment où elle entrerait en contact avec, mais respira un grand coup et s’avança d’un pas. Puis d’un autre. Alors, elle sentit un bourdonnement autour de ses doigts et sentit ses phalanches se raidir un instant, tandis qu’elle tendait le bras et que ses ongles heurtaient une matière résistante et transparente. L’effet fut pourtant immédiat : la couleur verdâtre, mêlée à du noir, devint comme vivante sous le contact qu’elle avait produit pour se propager en sillons et courbures vraiment effrayants. Ayant du mal à déglutir, Naïya ferma un instant les yeux, prit une grande inspiration et de son autre main, elle tendit la pierre de nuit devant elle. Immédiatement, la barrière opaque se scinda en deux, et la jeune femme sentit confusément qu’elle devait faire vite. Bondissant en avant, le fourreau de son épée cliquetant contre sa hanche, elle passa dans l'entrebâillement en courant, et déboucha une dizaine de mètres plus loin sur une immense plaine. Essoufflée, elle s’arrêta un instant, se retourna par curiosité. Les ombres qui rodaient dans la barrière qui redevenait doucement plus opaque lui donnèrent des frissons de terreur, mais elle se contint et ne prit pas ses jambes à son cou, regardant plutôt la barrière redevenir indéchiffrable avec le souffle court.

Se redressant légèrement, elle poussa un léger soupir et leva le visage vers le ciel, laissant le vent venir jouer dans ses cheveux et caresser sa peau un instant. Et alors, quelques bruits parvinrent à ses oreilles, tandis qu’elle fronçait les sourcils, cherchant autour d’elle un endroit où se dissimuler, sans en trouver. Elle était dans la lande, et là, il fallait bien avouer qu’elle faisait un peu étrange, alors que personne ne pouvait franchir la frontière, mais surtout que les gens de ce côté de la frontière ne connaissaient pas la magie... Se reprenant, Naïya secoua une ou deux fois la tête, leva le menton et chercha à l’horizon d’où pouvaient bien provenir les bruits. Elle qui voulait ne pas trop se faire remarquer...

Suivant les conseils de son guide, Andrew s'était rendu tout naturellement à Hartland pour trouver le moyen de traverser cette foutue Frontière. Cette longue étendue verte soi-disant infranchissable sans posséder les bonnes choses. D'après ce que lui avait raconté sa mère, tenter de le faire si on n'y était pas bien préparé était fatal. Voila pourquoi il espérait qu'on pourrait bien l'aider à Hartland. Il avait toutefois quelques doutes sur plusieurs choses...
Déjà, s'il était si facile de traverser la Frontière, pourquoi personne ne le faisait plus souvent ? D'après ce qu'il en savait, même si ce n'était pas grand chose, il n'avait jamais entendu d'histoires comme quoi on passait comme si de rien n'était d'un côté ou de l'autre. Il devait donc forcément y avoir une autre difficulté quelque part. Peut-être l'argent ? Si tel était le cas, il lui serait un peu compliqué de parvenir à ses fins par cette méthode. En revanche, il lui restait toujours une autre solution... Il aurait juste à enlever son rada'han si besoin !
Deuxième chose : comment sa mère avait-elle pu traverser à l'époque ? Même si elle ne leur avait jamais vraiment dit, il était évident qu'il venait de l'autre côté de la Frontière, qu'ils n'étaient pas originaires des Terres de l'Ouest. Pourquoi ? Tout simplement parce que la magie était inexistante en ce monde, sauf pour eux. Raison pour laquelle ils durent dissimuler leurs pouvoirs aux yeux des autres d'ailleurs. Comment l'expliquer si ce n'était qu'ils ne venaient pas d'ici ? Sa mère devait sûrement avoir un moyen de traverser donc. Mais il avait déjà abandonné l'idée de retrouver l'objet en question. A sa mort, sûrement l'avait-elle légué à Andy, qui avait maintenant disparue. Peut-être même était-elle passée de l'autre côté de la Frontière grâce à ceci, bloquant par la même occasion son jumeau de ce côté là de la barrière.

Il ne lui restait donc plus qu'à trouver un autre moyen de traverser. Il n'avait pas d'autre choix pour le moment que de faire confiance à son converti. Celui-ci avait l'air un peu simplet en plus pour couronner le tout... Au pire il en trouverait bien un autre si celui-ci ne faisait pas l'affaire !
Il se rendit à Hartland avec son rada'han autour du coup tout de même, juste au cas où. S'il avait besoin d'utiliser son pouvoir il aurait juste à l'enlever, et si la situation se prêtait à un combat rapide il avait d'autres moyens de se défendre. Et puis son "meilleur ami" irait bien le défendre et se sacrifier pour lui, lui laissant ainsi le temps d'enlever l'étreinte de ses pouvoirs.
Bref, comme il le craignait, ils ne trouvèrent pas grand chose. Son converti n'avait rien compris à sa requête. Cet imbécile lui proposa son cheval, rien de plus. Il n'avait pas compris que par traverser la Frontière, Andrew cherchait quelque chose de magique et non pas un moyen de transport... D'un autre côté, la magie n'était pas courante ici, il aurait dû s'attendre à ce qu'on ne puisse pas l'aider convenablement.
Ce fut alors qu'il réalisa une chose ! De la magie ? Il en était doté n'est-ce pas ? Or il fallait quelque chose de probablement magique pour pouvoir passer ce mur infranchissable. Et si parmi leurs pouvoirs ils avaient la capacité de passer la Frontière ? Cela lui paraissait étrange dans le sens où personne d'autre qu'eux ne semblait l'avoir fait. A moins qu'il y ait des lois de l'autre côté qui punissaient de mort quiconque abusait de ses pouvoirs ainsi, ou quelque chose du genre ? Possible, mais ce n'était pas la solution la plus probable selon Andrew. Enfin si tel était le cas, il n'hésiterait pas pour autant à revenir de l'autre côté pour retrouver sa soeur, qu'importe que sa tête soit mise à prix ou non. De toute façon, il savait que sa nature d'Inquisiteur mâle était déjà un "crime" en soi. Alors un truc de plus ou de moins...

Ce fut donc sans grande conviction que le jeune Inquisiteur se rendit vers la Frontière, là où sa jumelle avait été aperçue pour la dernière fois. Il ne s'en était encore jamais approché jusqu'à maintenant. Qui sait, peut-être le chemin s'ouvrirait-il tout seul devant lui à peine en serait-il assez près ? Espoir sûrement vain et futile, mais qui ne tentait rien n'avait rien. Au pire il trouverait autre chose plus tard si ceci ne marchait pas non plus. Il y avait forcément quelque chose ou quelqu'un dans les Terres de l'Ouest qui pourrait le faire passer de l'autre côté !
Son plan pour l'instant consistait à s'y rendre et à laisser son converti passer devant lui. En se tenant suffisamment proche de lui, logiquement il ne devrait rien lui arriver si Andrew était bien doté d'un tel pouvoir. S'il arrivait quelque chose à son homme de main, l'Inquisiteur aurait juste à faire demi-tour en laissant à son triste sort son "ami". Quel était son nom en fait ? Le jeune homme ne s'en était même pas inquiété. A quoi bon de toute façon ? Il n'y avait pas à douter qu'il ne le suivrait pas indéfiniment, ne serait-ce que parce qu'Andrew ne le supporterait pas toujours. Un converti était un peu trop collant à son goût.

Une fois assez éloigné d'Hartland, Andrew enleva son rada'han. Maintenant qu'il n'était plus en ville, il n'y avait plus aucune raison de le garder en place. Il devrait pouvoir se contenir s'il croisait quelqu'un. Et au pire juste une personne...
Tandis qu'il chevauchait sa nouvelle monture à un rythme lent, son converti tenant la bride du cheval qui avançait donc à la même allure que l'humain, le petit groupe déboucha sur une surface plus dégagée, en vue de la Frontière. Se tenait debout face à eux une jeune femme, ce qu'Andrew n'avait pas prévu. Que faisait-elle donc aussi près de la Frontière ? Il n'y avait rien à faire ici. Enfin à part ce qu'il venait faire lui-même, à savoir traverser le mur qui se tenait face à lui.
Que faire maintenant ? Attendre qu'elle ne passe son chemin pour s'essayer à son plan était sa première idée. Toutefois, si elle était là pour franchir la Frontière, cette jeune femme l'intéresserait beaucoup. En plus il n'avait plus son rada'han, tout était parfait ! Tirant un petit coup bref sur les rênes pour stopper sa monture et son converti, le jeune Inquisiteur resta ainsi immobile, sans dire un mot et dévisageant l'inconnue. Certes Andrew avait pour habitude de très peu parler, mais il fallait bien avouer que dans la situation actuelle cela semblait très étrange. Peut-être même la jeune femme s'en sentirait menacée tellement l'absence de bruit était oppressante. Mais il en était souvent ainsi avec Andrew, il faisait rarement le premier pas. S'il avait appris à contenir tant bien que mal son don, la sociabilité n'était pas encore son fort pour autant.
Il ne restait plus qu'à voir comment la femme réagirait...

Ce furent un cavalier et un autre homme qui entrèrent dans le champ de vision de Naïya. Deux hommes et un cheval, en départie. Elle les détailla rapidement, ferma son poing autour de la poignée de son épée, sentant les lettres du mot Vérité se dessiner dans sa paume. Dans une expiration, elle continua de les regarder, notant l'air un peu simplet du premier et l'indifférence du second. Ils étaient très différents, mais elle savait pertinemment que bien souvent les amis étaient différents autant sur le plan physique que psychologique, et elle ne se permit pas de juger immédiatement de la situation. Tranquille, elle leva légèrement le menton lorsque le plus jeune des deux s'avança vers elle sans dire un seul mot. Son regard était posé sur elle, lourd de sens, et elle fronça légèrement les sourcils, tentant de comprendre ce qu'il lui voulait. Il ne semblait pas disposé à parler, et elle s'en souciait peu : les paroles ne sont que des paroles, et tout sait parler à qui sait lire et écouter. Oui, évidemment, cela marchait la plupart du temps, et elle avait appris à lire la vérité dans l'attitude des gens. Ce dernier semblait légèrement hautain, mais pas méprisant, et elle lui accorda une attention toute véritable.

Son visage n'exprimait rien, ainsi que ses yeux. Déjà, elle cernait un point, sans doute un point important de sa personnalité. Il ne parlait pas non plus, alors que la jeune femme était pas loin, et que la situation n'avait rien de banal. Un autre point qu'elle garda à son tour en mémoire. Ses épaules étaient par contre légèrement relâchées, mais pas tout à fait, montrant sans doute qu'il se méfiait. C'était tout à fait normal, et elle devait bien avouer qu'elle-même s'était mise dans une garde basse que seul un oeil avéré pouvait déchiffrer. Elle ne pensait pas qu'il pourrait faire face à elle dans un combat armé, mais elle ne voulut pas le sous-estimer non plus. Son attitude était droite et légèrement rigide, mais beaucoup de gens se tenaient ainsi. Dans un soupir, Naïya décida donc de passer à l'autre personne qui se tenait non loin de là. Il était déjà plus large que le premier, plus petit aussi. Son visage était plus émacié et avait plus vécu, sans doute avait-il le double d'année du plus jeune. Son attitude,presque soumise, fit pourtant tiquer Naïya. Et surtout son regard. Empli d'une admiration et d'une dévotion presque congénitales. Elle ne put s'empêcher d'avoir un haut-le-coeur en constatant cela. Comment pouvait-on accorder plus que sa propre vie à quelqu'un autre ?

Un léger frisson la parcourut, et elle chercha les yeux du plus jeune, qui semblait plus disposé à avoir une conversation réfléchie que le second. Pourtant, sans doute était-il loin d'être stupide. Mais Naïya sentait qu'elle ne tirerait strictement rien du second, aussi douces fussent les questions. Qu'importait, après tout. Lâchant un léger soupir, la jeune Sourcière s'avança d'un pas. Alors, elle sentit une vague de magie qu'elle ne comprit pas. Qu'elle ne tenta pas d'interpréter. Sans doute était-ce l'épée qui lui envoyait un signal, mais elle n'y fit pas attention. Peut-être n'était-ce pas l'épée, mais elle n'y pensa même pas, à dire vrai. L'autre la dévisageait depuis quelques minutes déjà, et elle se décida finalement à parler, même si ce n'était pas pour dire quelque chose d'intelligent. Des broutilles, même si elle n'avait pas envie de parler du soleil et de la pluie. Relâchant légèrement ses épaules, les tirant un peu vers le bas, elle soupira et lança de sa voix chantante et qui pourtant pouvait devenir aussi coupante que la lame de son épée...

- Je peux savoir ce que vous faites si près de la Frontière ? Vous ne savez pas à quel point elle peut-être dangereuse sans doute. Pourtant, votre ami doit le savoir, lui...

Elle jouait, essayait de comprendre. De trouver. De trouver d'où venait ce malaise qui s'était installé dans son ventre...

La jeune femme les détallait tout comme lui l'avait fait et continuait de le faire. Toutefois chez Andrew, cela se voyait à peine pour ne pas dire pas du tout. Il était habitué à observer n'importe qui ou n'importe quoi sans rien en montrer, comme si de rien n'était alors qu'il analysait presque tout de façon instinctive. C'était une sorte de don chez lui sûrement... Ses yeux indifférents semblaient ne rien scruter de particulier alors qu'ils avaient presque une vue à cent quatre vingt degrés en permanence. Presque rien ne lui échappait, même les détails les plus futiles. Question de principe, afin de combler quelques autres défauts dont il pouvait faire preuve. En ayant une bonne appréhension des choses, il pouvait les éviter au lieu de les affronter par exemple.
Cette faculté de tout observer passait généralement inaperçu donc, sauf s'il ne comptait pas le dissimuler particulièrement. Ce qui pouvait être le cas avec une connaissance proche, et encore. Tout dépendait de la situation. Disons qu'ainsi, il pouvait garder un certain effet de surprise, avoir un coup d'avance si nécessaire.
Il nota ainsi par exemple que la jeune femme était sur ses gardes, prête à se défendre au moindre geste déplacé. Peut-être même à attaquer qui sait. Elle pouvait être un bandit de grand chemin qui attendait une faille avant de passer à l'attaque.

L'analyse de son compagnon d'infortune fut plus rapide que la sienne et elle sembla bien vite s'en désintéresser. Il n'y avait pas à dire, Andrew devrait vraiment s'en débarrasser ou en trouver un autre au plus vite, celui-ci était bien trop simplet à son goût. Ils risquaient plus d'attirer l'attention avec lui qu'autre chose. Or, Andrew était du genre à adorer se fondre dans la masse, même si jusqu'à maintenant il n'en avait pas souvent eu l'occasion isolé dans ses bois. D'ailleurs, il était étonnant de voir la perspicacité dont il pouvait faire preuve quand on savait qu'il n'avait pas tant que ça cotoyé le reste du monde. Les seuls détails sur lesquels il pouvait encore flancher en fait étaient ceux propres à la magie ou autres choses du même genre. Mais en ce qui concernait la mentalité humaine... il en savait déjà beaucoup, aussi étonnant cela puisse paraître.
Bref, la femme reporta donc son attention sur lui. Manifestement, ce sera à lui qu'elle s'adresserait par la suite et non à l'autre homme insignifiant. Ce qui n'était peut-être pas plus mal à vrai dire. Son "ami" serait plus à même de dire des bêtises qu'autre chose. L'art des paroles, voila un domaine qui se prêtait bien plus au jeune Andrew qu'à son compagnon. Il lui laisserait plutôt l'art de combat à lui. Non pas qu'il ne savait pas se débrouiller lui-même - peut-être était-il meilleur que son converti d’ailleurs, il n'en savait rien puisqu'il ne l'avait pas vu en action encore - mais c'était déjà plus dangereux. Autant risquer la vie des pions avant la sienne alors, c'était évident. Voila pourquoi l'autre homme était à pieds et devant lui. Si la femme attaquait, il serait le premier à devoir se défendre. Andrew pourrait alors fuir ou, plutôt, profiter de cette occasion pour convertir la femme.

Car il ne pouvait pas le nier, il avait une petite envie de céder à la tentation qui l'habitait. Il connaissait la nature maléfique de ses confrères Inquisiteurs, et malgré sa grande indifférence qui l'aidait indéniablement, il avait tout de même hérité de quelques pulsions d'Inquisiteur. Parmi celles-ci : soumettre à sa volonté une femme. C'était heureusement cette même indifférence et les principes qui en découlaient qui l'aidaient à résister à l'envie. En la présence d'Andy, c'était même tâche plus aisée encore. Malheureusement depuis quelques jours déjà, sa jumelle avait disparu. S'en étaient rapidement suivies ses premiers conversions...
Voir cette femme devant lui maintenant, et qui plus est qui pouvait peut-être l'aider dans sa tâche, lui donnait fortement envie de la convertir. Il se retenait tant bien que mal et sans rien en montrer, quoi que dans quelques secondes il n'y aurait pas à douter que ça deviendrait visible.
Ce qui arriva à peine elle ouvrit la bouche et laissa entendre sa douce voix mélodieuse. La réaction d'Andrew fut immédiate quoi que légère : une petite grimace. Pour toute personne la connaissant, on saurait tout de suite qu'elle était le fruit de la résistance dont il faisait preuve pour ne pas céder. Pour les autres... cela passerait plutôt pour une sorte de dégoût, allez ensuite savoir pourquoi !
Il parvint tout de même à écouter ce qu'elle avait à dire, et après quelques secondes, le temps de reprendre son calme afin de ne pas céder à la tentation, il lui répondit. Sa voix était très particulière, étrange mélange de douceur mélangée à de la distance, le tout dans un chuchotis qui serait inaudible s'il y avait eu plus de bruit alentours.

"Je pourrais vous retourner la question. Surtout que vous étiez là avant nous, donc vous traînez dans le coin depuis plus longtemps ce qui ne vous empêche pas de rester si près d'elle non ?"

Habile façon de ne pas répondre à la question en la retournant et à juste titre en plus. En effet, elle avait encore moins de raisons de se trouver là et d'y rester. Peut-être était-ce même là une tentative de sa part de détourner l'attention sur autre chose qu'elle. Inutile avec Andrew en somme. Le jeune homme trouva même bon d'y ajouter une petite pointe d'ironie.

"A moins que vous ne soyez là pour la surveiller et prévenir les inconscients dans mon genre ? En effet je ne savais pas qu'elle était si dangereuse que ça... Quant à mon ami il est muet."

Une façon de donner un ordre indirect à son converti : n'ouvre pas la bouche ! Grâce à son pouvoir, son converti, aussi stupide puisse-t-il être, ne devrait donc pas lâcher un seul mot maintenant. Voila qui empêcherait toute boulette de sa part.
Quant aux mensonges de l'Inquisiteur, ils n'étaient pas un problème. De part son indifférence affichée en permanence, il était presque impossible de savoir s'il disait la vérité ou non. Même une Inquisitrice n'aurait rien pu y faire puisqu'on ne pouvait pas le convertir.
Enfin, Andrew nota que, étant armée et présente près de la Frontière malgré le danger qu'elle représentait, la jeune femme devait sûrement se débrouiller au combat. Raison de plus pour y envoyer son converti si les choses tournaient mal donc. Enfin il n'aurait même pas à l'envoyer de toute façon, de par "l'amour" qu'il lui portait maintenant il le défendrait de lui-même directement.

La légère grimace du jeune homme n'échappa pas à la jeune femme, qui se demanda ce qu'elle pouvait bien signifier. Encore une fois, un flot de magie s'était fait sentir, et son épée semblait l'appeler, sans qu'elle ne comprît pourquoi tout à fait. Elle fronça elle-même les sourcils, tentant de comprendre. Normalement, aucune trace de magie n'avait été détectée de ce côté-ci de la Frontière, et les Terres d'Ouest en étaient totalement dénuées, puisqu'elle ne pouvait pas passer la Frontière seule. Oui, sauf que Naïya avait bien vu à quel point, finalement, pour qui était déterminé, la traverser était aisé. Et dans son esprit qui analysait la situation, elle émit immédiatement l'hypothèse que ce garçon voulait passer la Frontière. Sinon, il n'aurait pas été si proche, et ne l'aurait pas abordée de front. Elle savait aussi pertinemment que ceux qui surveillaient la Frontière la détaillaient en la longeant, or ce passage du Roi duquel il arrivait la faisait prendre de face, complètement, et il se dirigeait vers cette dernière, incontestablement. Fronçant un autre sourcil, Naïya soupira légèrement, tendant tout de même l'oreille aux paroles du jeune homme. Sa voix était étrange, entre la froideur de la distance et la douceur.

Naïya ne put s'empêcher de sourire à sa répartie. Elle aurait pu le démentir, et l'air ironique qui s'en dégageait attestait bien qu'il ne croyait pas un mot de ce qu'il disait. Elle ne pouvait pas non plus dire le contraire, après tout. Elle était pour la Vérité, et si elle n'avait pas abordé le jeune homme en lui disant qu'elle venait de l'autre côté de la barrière, c'était une question de principe, simplement parce que cela l'aurait choqué. Mais son but se faisait plus clair dans l'esprit de la Sourcière, et le fait qu'il dît que son ami était muet lui semblait gros. Car si cela avait été le cas, il aurait tout de même pu se faire comprendre, en tant que muet, au contraire. Ce n'était pas parce que les gens ne pouvaient pas parler qu'ils ne pouvaient pas communiquer, elle le savait pertinemment et ainsi la dernière phrase de l'homme éveilla un peu plus ses soupçons. Cependant, son visage ne donnait aucun indice sur la suspicion qui venait de s'infiltrer en elle, et elle fixa encore un instant le jeune homme sur son cheval, la tête légèrement penchée sur le côté, comme si elle écoutait quelque chose qui serait venu de lui, sans savoir ce que c'était exactement.

- Je ne suis pas là pour surveiller la Frontière, loin de là. Ce que je fais ici ? J'explore les Terres d'Ouest. Je ne connais pas bien le pays, je dois avouer...

Quelques indices s'étaient glissés dans ses paroles, elle le savait et avait fait d'ailleurs exprès. Au cas où d'autres personnes auraient été présentes, cachées, même si cela semblait peu probable. Plantant ses yeux vifs dans ceux de son interlocuteur, la jeune femme eut alors l'étrange réflexe de serrer le pommeau de son épée et eut terriblement envie de s'assurer qu'elle glissait bien dans son fourreau. Se retenant de le faire, elle prit une inspiration et se tourna vers la Frontière, derrière elle, immense mur verdâtre. Les ombres qui lui avaient tiré des frissons de terreur s'étaient éparpillés derrière l'opacité de la barrière, et elle soupira légèrement. Il semblait qu'elle allait devoir la traverser une seconde fois plus tôt que prévu. Mais pourquoi ? Son esprit faisait des conclusions hâtives, elle le sentait, mais cela ne lui arrivait jamais, sauf lorsqu'il y avait danger, à cause de la magie de l'Epée. Son instinct était très fort, et la colère de l'épée de Vérité prenait sa source dans son instinct, elle l'avait compris quelques semaines auparavant. Cet homme représentait-il donc une menace ? Devait-elle réellement s'en méfier. La boule dans son ventre se serra légèrement, et elle décida que oui, elle devait s'en méfier. Et qu'elle devait faire très attention, analyser tout ce qu'il faisait, utiliser son instinct pour le décrypter, car il ne montrait pas grand chose....

- Il est aussi de mon devoir de vous dire que vous n'avez pas répondu à ma question.

Un léger sourire passa sur son visage, tandis qu'elle l'adressait à l'homme à cheval. Son regard vint se poser sur son compagnon, qui avait les yeux baissés, et un autre frisson la parcourut. Quelque chose clochait, elle en était persuadée. Mais quoi ? Elle devait le découvrir. Laisser la Vérité s'exprimer...

Les réponses d'Andrew semblèrent amuser la jeune femme. Et bien tant mieux, c'était toujours ça ! Généralement il avait plus l'art d'agacer les gens qu'autre chose, au moins ça variait un peu aujourd'hui. Même si finalement pour lui ça ne changerait pas grand chose puisqu'il se moquait pas mal d'autrui. Qu'on le haïsse ou le trouve sympathique lui était complètement égal en définitive.
Toutefois, elle n'était pas que amusée. Elle paraissait aussi réfléchir à quelque chose, ce que sa tête légèrement penchée sur le côté pouvait confirmer. Quant à savoir à quoi elle pensait, les hypothèses étaient plutôt nombreuses. Elle pouvait ne pas croire tout ce qu'il avait dit, continuer de se demander ce qu'il pouvait bien faire là, s'interroger sur son apparence qu'il savait particulière, ou encore sur celle de son compagnon qui était tout aussi étrange. D'ailleurs le concernant, il aurait pu ajouter qu'il était trop simple d'esprit pour penser à lui préciser que la Frontière était dangereuse, cela aurait renforcé son mensonge comme quoi il ne le savait pas et que son ami était muet. Bref, la jeune femme se posait certainement bon nombre de questions donc. Et il serait étonnant qu'Andrew y réponde à toutes !

La réponse de l'inconnue ne manqua pas d'amuser l'Inquisiteur également, même s'il n'en montra rien. Ses propos étaient lourds de sous-entendus selon Andrew. Qui pouvait habiter dans les Terres d'Ouest sans bien en connaître le pays ? Quoi qu'en y pensant bien, de par son isolement, le jeune homme n'y connaissait pas grand chose non plus c'était vrai. Mais il était un cas à part et il serait étonnant que ce soit le cas également pour cette femme. Non et puis le fait qu'elle se trouve si près de la Frontière, dos à celle-ci, était trop gros pour n'être qu'une simple coïncidence avec le reste. Le hasard... voila quelque chose en lequel Andrew croyait très peu ! Le jeune homme n'avait qu'une seule hypothèse en tête, or quand tel était le cas il s'agissait souvent de la bonne. Cette femme venait probablement de traverser la Frontière il y a peu. Cela expliquait tout ! Sa présence ici, si proche du "mur" alors que pourtant dos à lui ; sa phrase comme quoi elle explorait les lieux ; son comportement un peu méfiant, un peu comme si elle ne savait pas ce qui l'attendait ici, comment étaient les gens de ce côté là.
Comme il l'avait espéré, cette femme était donc sûrement en mesure de le faire traverser lui aussi ! Aussitôt, son envie de la convertir lui revint encore plus grande qu'auparavant. Heureusement la femme s'était retournée à ce moment là, ne voyant alors pas l'envie d'Andrew sur son visage ni le pas en avant qu'il venait de faire faire à son cheval. Pour ce dernier toutefois, elle pourrait le voir par la suite si elle était très observatrice, puisque le second homme, qui lui n'avait pas bougé d'un poil, se trouvait maintenant à la même hauteur que la tête de la monture alors qu'il en était légèrement en avant un peu plus tôt.

Andrew se ressaisit pourtant rapidement. Non pas parce qu'il tentait de résister comme à son habitude. Non cette fois il s'en moquait, il voulait la convertir, il le fallait. Mais il jugea que ce n'était pas encore le bon moment, il fallait que l'inconnue soit moins sur ses gardes. Lui non plus ne savait pas ce dont étaient capable les gens de l'autre côté de la Frontière. Il savait en revanche que la magie y était bien plus courante qu'ici. Il devait donc attendre une bonne occasion pour ne prendre aucun risque et ne pas se retrouver confronté à quelque chose d'inconnu pour lui.
Finalement, elle s'adressa de nouveau à lui pour lui faire remarquer qu'il n'avait pas répondu à sa question encore. Ce qui n'était pas faux, mais sa façon de le demander cette fois-ci était pour le moins étrange. Un détail qui n'échappa pas à Andrew. Mais avant de le lui faire remarquer, il allait devoir répondre quelque chose pour satisfaire sa question. Mais quoi ? Un autre mensonge qui risquait d'éterniser la conversation et faire naître des soupçons ? La vérité, qui allait probablement entraîner d'autre questions ? L'avantage de la vérité, c'était qu'il pourrait peut-être suffisamment gagner sa confiance pour l'approcher et agir tranquillement. De toute façon une fois convertie, qu'importe qu'elle sache la vérité ou non ! Et puis il pouvait aussi ne dire qu'une partie de la vérité. Cacher n'était pas mentir après tout ! Il n'avait plus qu'à formuler le tout subtilement de telle sorte que la jeune femme comprenne et avoue en même temps.
Cependant juste avant de s'exécuter, il nota le regard de la femme vers son converti. Andrew l'imita pour observer son homme de main. Ce dernier semblait ne rien comprendre à la situation, et un petit sourire en coin naquit sur les lèvres de l'Inquisiteur. Il était vraiment trop simplet, c'en était ridicule. Par contre, ce pouvait aussi être contraignant pour le jeune homme de traîner encore longtemps avec lui. Il risquait d'éveiller trop de soupçons avec son comportement étrange. Sans compter qu'il n'avait pas encore montré à quel point il appréciait son Inquisiteur, ce qui serait tout aussi bizarre aux yeux d'autrui... Il lui faudra s'en débarrasser avant de passer de l'autre côté de la Frontière, il n'avait pas le choix s'il voulait garder un minimum de discrétion.
Reportant son attention sur son interlocutrice, Andrew lui répondit en ignorant pour le moment son converti.

"Et bien je dirais que je compte faire comme vous certainement, mais dans l'autre sens bien sûr. Il n'y a plus rien de bien intéressant de ce côté. Je me demande ce que vous pouvez bien venir y faire..."

Pour sa part, Andrew venait d'y répondre en quelque sorte : il n'y avait plus rien d'intéressant. Par là, il entendait bien sûr qu'Andy ne s'y trouvait plus. Mais sa façon de le dire permettait de cacher cette réalité pour laisser l'inconnue émettre ses propres hypothèses. Le but était de la faire croire qu'il avait voyagé un peu partout en Terre d'Ouest et que sans magie en ce monde, ce dernier n'était pas des plus intéressants une fois qu'on en avait fait le tour. Mais sans donner plus de précisions, Andrew ne mentait pas. Il laissait seulement libre cours à l'imagination de la jeune femme, le bon sens commun en venant normalement facilement à l'hypothèse formulée plus tôt. Et avec un peu de chance, elle ne lui en demanderait pas plus tellement ce serait "évident".
Toutefois, inutile de revenir sur lui pour le moment, autant continuer de parler d'elle. Andrew émit une petite hypothèse à la question qu'il venait de lui poser en reprenant ce qu'il avait remarqué dans ses propos plus tôt.

"Quoi que j'aurais bien une petite idée... Vous venez de dire qu'il était de votre devoir de m'interroger ainsi n'est-ce pas ? Il avait bien insisté sur le mot "devoir". Je me demande bien quel est votre devoir pour qu'il vous pousse à agir ainsi. Est-ce pour lui également que vous vous trouvez ici ?"

Tandis qu'elle s'était tournée, elle avait entendu un pas dans sa direction, et s'était légèrement tendue. Immédiatement avec ce pas, un afflux de magie vint encore une fois se montrer, et elle tenta de faire le rapprochement. Un frisson de mauvais augure venait de la traverser de part en part, remontant le long de sa colonne vertébrale pour mourir sur le haut de sa tête. Il y avait quelque chose. Quelque chose d'important, d'essentiel même. Mais elle ne parvenait pas à comprendre. Son esprit tournait à toute vitesse, tandis que l'inconnu n'avait pas encore répondu. Elle avait bien jeté un oeil aux archives, avant de partir. Elle avait bien vu qu'une Inquisitrice avait fui avec ses jumeaux. Elle savait qu'un Inquisiteur pouvait très bien être en vie. Elle le savait, même si elle avait jugé cela trop peu probable. Un autre frisson la traversa, lui tirant une légère chair de poule sur le haut des bras et les épaules, qu'elle tenta de réprimer sans rien montrer de tel. Etait-ce cela, ces ondes de magie mal contrôlées ? Etait-ce...? Non. C'était trop gros. Elle avait cherché une excuse pour passer la Frontière, et elle croyait vraiment que cette excuse allait pointer le bout de son nez alors qu'elle l'avait à peine franchie. C'était impossible. La probabilité devait être proche du zéro absolu. Pourtant, la boule dans son ventre et la rage de l'épée qui commençait à chercher la magie de Naïya lui criaient le contraire...

Les paroles de l'inconnu firent encore une fois sourire Naïya. Elle était tranquille, malgré les nombreux frissons qui la traversaient. Elle avait l'habitude d'être assaillie par son instinct et les pulsions de la rage de l'épée, et elle y résistait assez bien désormais. Non, résister n'était pas le terme. Elle l'acceptait, et ne le montrait plus. Du tout. Mais malgré tout, elle eut le réflexe de tenir le pommeau de son épée dans la main, sentant les lettres d'or du mot Vérité se décalquer sous sa paume, et soupira, avant l'en enlever. Il ne devait pas connaître l'Epée de Vérité. Ni le sourcier, ni rien qui advenait de la magie, sans doute. Il venait des Terres d'Ouest. Il avait clairement signalé qu'il n'y avait rien d'intéressant par ici, et encore une fois l'esprit de la jeune femme tourna à mille à l'heure. Sans doute voulait-il recommencer ce que les Inquisiteurs de l'ancien temps voulaient faire de l'Ancien et du Nouveau monde. Et elle ne le permettrait pas ! Mais tout d'un coup, elle se rendit compte que ce qu'elle faisait était stupide. Elle tirait des conclusions hâtives. Elle le voyait déjà Inquisiteur... Même si cela semblait plausible, il aurait pu y avoir des tas d'autres personnes dans son cas. Non, pas tant que cela, en réalité. Parce que les habitants des Terres d'Ouest ne savaient pas que l'on pouvait franchir la Barrière. Comment le savait-il, lui ?

Tandis qu'elle allait ouvrir la bouche, son regard croisa à nouveau celui de l'homme de main du cavalier, et elle faillit laisser passer une exclamation, se retenant de justesse. Le regard ! Il semblait la détester. La haïr au plus au point. C'était de la jalousie, elle le voyait dans ses yeux. Une rage immense. Et puis cette adoration idyllique envers l'autre homme... Non, elle ne pouvait pas se tromper. Elle recula d'un pas, plantant ses yeux dans ceux du plus jeune. Consciente qu'elle pouvait tomber entre ses doigts très facilement, s'il venait à la toucher. Fronçant les sourcils, elle recula encore d'un pas vers la Frontière. Encore une fois, elle avait le cerveau qui s'enflammait. Que devait-elle faire ? Il semblait exclu de le laisser de ce côté-ci de la Barrière, il assujettirait trop facilement toutes les Terres d'Ouest, ces dernières n'ayant même pas connaissance de la magie. Il pourrait libérer son pouvoir sur tous les habitants. En effet, Naïya savait que les Inquisiteurs, contrairement aux Inquisitrices, n'avaient pas besoin de recharger leur magie par du repos, ils pouvaient toucher et convertir autant de personnes qu'ils le souhaitaient, même très rapidement. Il suffisait qu'il libère son pouvoir. Il n'avait pas la limite qu'ont les Inquisitrices.

S'efforçant de respirer calmement, non pas que son souffle se fût accéléré, mais parce qu'il pouvait être susceptible de le faire, la jeune femme recula encore d'un pas. Vers la Frontière. Elle sentait son bourdonnement dans son dos, et la pierre de lune glissa dans sa paume. Cela suffit à détourner son attention, et à lui faire juguler sa panique. Elle posa son regard aux reflets oranges sur la pierre noire comme la nuit, et décida instantanément qu'elle le ferait passer de l'autre côté de la Barrière. Alors, elle irait prévenir le Premier Sorcier, et la Mère Inquisitrice. Elle le ferait savoir, et elle pourrait le retrouver, de toutes manières. Enfin, elle pensait pouvoir le retrouver. Avec le Premier Sorcier, suivre son flux magique ne devait pas être si difficile que cela, n'est-ce pas ? Elle y croyait. Se mordillant légèrement la lèvre inférieure, elle ne bougea plus, néanmoins. Elle se retint de faire encore un pas en arrière, mais ne sourcilla pas. Déglutissant, elle ferma un instant les yeux, prit une inspiration, et les rouvrit, prête cette fois-ci à affronter l'homme qui était là. Un autre frisson la parcourut néanmoins, sans qu'elle ne pût le retenir.

- C'était une simple expression. Et ce n'est pas totalement pour mon devoir que je suis ici. C'est aussi pour moi.

Fronçant les sourcils, elle ajouta néanmoins :

- Je me prénomme Naïya.

La jeune femme recula de quelques pas, ce qui n'augurait rien de bon. Il était évident qu'elle ressentait tout à coup une méfiance plus accrue qu'un peu plus tôt. Mais pourquoi ? Ce qu'il avait dit n'aurait dû en rien entraîner pareille réaction. Pour lui, il n'y avait aucune raison qu'elle se méfie plus maintenant qu'avant. Chose rare mais pas inexistante : Andrew ne comprit pas la réaction de la jeune femme. Or, il détestait ne pas comprendre un comportement. Habituellement il était facile de deviner les intentions de quelqu'un, les raisons qui le poussaient à agir ainsi plutôt qu'autrement etc... Mais là, ceci n'avait aucun sens. Ou en tous cas un sens qui échappait à sa compréhension. Peut-être de la magie était dans l'air... C'était ce qu'il craignait depuis le départ. La magie était encore inconnue pour lui, hormis son pouvoir. Les situations qu'il ne comprendrait pas à cause d'elle risquait d'être fréquente une fois de l'autre côté de la Frontière, il s'en était douté. En revanche il ne pensait pas y être confronté avant même d'avoir traversé ladite Frontière. Enfin s'il y avait bien de la magie en cause en ce moment même bien sûr. Mais pour lui, cela restait la seule explication possible. Peut-être pouvait-elle lire dans les esprits, ou quelque chose dans le genre. Si elle pouvait prévoir ce qu'il avait en tête, il était sûr que la situation deviendrait beaucoup plus délicate.
Le jeune homme vit également qu'elle lança un bref regard à la paume de sa main. Qui tenait-elle ? Une arme peut-être, un projectile quelconque qu'elle lui lançerait dès qu'elle le pourrait ? Vu son attitude de méfiance actuelle, l'Inquisiteur ne serait pas étonné qu'elle s'exécute ainsi !

Puis elle lui répondit tout de même, comme si rien n'avait changé. D'abord sur son "devoir" qui n'en était pas un. Andrew s'en doutait mais s'était juste servi de ça comme prétexte pour parler d'elle et non de lui, et surtout pour savoir ce qu'elle pouvait bien venir faire ici. Car il devait bien l'avouer, cela l'intriguait. Quel intérêt de passer d'un côté ou de l'autre ? Surtout ici où il n'y avait pas de magie... Lui avait une bonne raison de le faire, cette jeune femme sûrement aussi. Ce qu'elle ne confirma que vaguement en disant qu'elle était aussi là pour elle. Elle se présenta ensuite brièvement, ce qui sous-entendait que le jeune homme devait en faire de même.
Andrew hésita quelques instants. Peut-être devrait-il continuer de faire ce qu'il avait toujours fait jusqu'à maintenant : résister à son pouvoir. Et donc tenter d'obtenir son aide de façon plus honnête, même si cela lui semblait long et vain. Pendant un bref instant, l'idée de remettre son rada'han lui traversa l'esprit, mais il l'oublia vite. Si elle venait bien de l'autre côté de la Frontière, elle devait connaître cet objet magique. Dès lors, il lui faudrait expliquer pourquoi il en possédait un et surtout, pourquoi il se le mettait autour du cou. Inenvisageable donc !
Peut-être pourrait-il réussir à se contenir juste par la volonté, comme il l'avait souvent fait auparavant. Mais il devait bien avouer que dans les circonstances actuelles il était bien plus difficile de se contenir. C'était déjà un miracle qu'il ne lui ait pas encore sauté dessus ! En effet, la situation pressait, Andy était peut-être en danger. Or, cette femme avait sûrement un moyen de passer de l'autre côté. L'Inquisiteur ne voulait pas perdre un temps précieux à parler avec elle pour l'aider alors que la convertir serait tellement plus rapide, immédiat. Andrew était déchiré entre la raison et l'envie. Il passait sans cesse du désir de la convertir à la retenue que lui imposaient ses principes.

Finalement, il trancha pour la franchise pour l'instant. Enfin sans dévoiler toute sa vie pour autant, mais juste son prénom pour le moment. Son nom c'était en revanche inenvisageable. Savait-on jamais, peut-être était-il "connu" de l'autre côté. Cette idée ne l'avait jamais quitté. Les Inquisitrices devaient bien savoir qu'il était encore en vie puisqu'elles ne l'avaient pas tué. Sa mère s'appelait McPhee et il n'avait pas changé de nom. Il y avait donc un risque qu'on connaisse ce nom là-bas. Son prénom en revanche il y avait peu de chance, il serait étonnant que sa mère juste avant de fuir ait clamé haut et fort : "je l'appellerais Andrew !".
C'était d'ailleurs quelque chose qui "l'inquiétait" dans le fait de retourner vers ses origines : et s'il était recherché ? Et même s'il ne l'était pas, il risquait de ne pas passer inaperçu avec le temps et le deviendrait bien vite tout de même. Tout ça à cause de préjugés qu'ils ne prendraient même pas la peine de vérifier. Car quand on y réfléchissait bien, à part les deux petits incidents dernièrement, il n'avait encore jamais converti quiconque. Il n'y avait qu'à explorer les Terres de l'Ouest pour s'en rendre compte. Mieux : il travaillait contre son pouvoir, il tentait de se maîtriser. Mais ça ils s'en moquaient bien, ils jugeraient sans même savoir et le traqueraient comme une bête. Alors peut-être sera-t-il forcé de se défendre en usant de son pouvoir, donnant ainsi raison à ses ennemis. C'était un vrai cercle vicieux duquel il ne pouvait pas s'échapper... Cela ne dépendait pas de lui.

"Et moi je m'appelle Andrew. Et lui c'est Max."

Un mensonge ? Pas tout à fait, c'était ainsi que l'Inquisiteur comptait l'appeler maintenant. C'était un peu comme donner un nom à un animal, même s'il en avait déjà un avant. Donc indirectement, il ne mentait pas. Il s'appellerait maintenant Max. Pourquoi Max ? Hm... peut-être parce qu'on appelait souvent ainsi les chiens, qui sait ? Ce fut le premier nom qui vint en tête à Andrew en tous cas.
Sans s'attarder plus longtemps sur Simplet (ça se sera son petit surnom), le jeune homme continua sur sa lancée.

"Dites-moi... Je me demandais, si je ne me trompe pas quant à vos origines, si vous ne pourriez pas m'aider à traverser cette Frontière ? Je vous demande ça comme un service, je n'ai rien à vous offrir."

Quoi que Max avait peut-être quelque chose à lui offrir lui ? Bah, il verrait ça ensuite si la dénommée Naïya voulait quelque chose en échange. Il pouvait lui donner le cheval déjà.

"Je sais que vous venez sûrement de la traverser, donc si vous avez quelque chose à faire ici avant de repartir d'où vous venez... je pourrais vous attendre, voire vous accompagner si vous le souhaitez. Tant que nous repartons tous deux là-bas, ça me va. Vous pourrez même revenir immédiatement ici une fois que j'aurais traversé, ça ne coûte pas grand chose non ?"

En fait, cette dernière proposition était de loin la meilleure. Ainsi ils ne seraient plus ensemble et la femme ne risquerait plus rien. Tandis que l'accompagner en Terre d'Ouest... Andrew l'avait proposé pour le principe, mais tiendrait-il jusqu'au bout... ? Ca c'était une autre histoire !
En tous cas une chose était sûre : sa demande était pour le moins directe. Mais pourquoi tergiverser plus longtemps ? Il était clair qu'il comptait traverser la Frontière, Naïya l'avait compris. Or celle-ci avait un moyen de traverser, donc autant demander. Comme il l'avait dit, ça ne coûtait rien non ?
Il n'y avait plus qu'à espérer qu'elle n'accepte... pour elle ! Car elle ne le savait sûrement pas, mais Andrew lui offrait là une chance unique d'obtenir ce qu'il voulait sans le prendre par la force. Et pourtant ce n'était pas l'envie qui manquait, mais une envie qu'il savait malsaine... Ses propos n'étaient ponctués d'aucune menace pour autant toutefois. Cela ressemblait à une demande tout à fait normale pour laquelle personne ne tiendrait rigueur à l'autre en cas de refus.

Il répondit tout à fait normalement à Naïya, en lui offrant à son tour son prénom, ainsi que celui de son compagnon. Enfin, compagnon. Naïya avait plus envie d'appeler ce qu'était devenu l'autre "petit chien" comme les Mord-Sith surnommaient ceux qu'elles brisaient. C'était un peu la même chose : il lui avait ôté son âme, pour la garder pour lui. C'était la magie qui voulait cela, certes, mais quand même. La jeune femme en restée choquée. Elle n'avait rien dit de spécial, mais elle avait tout de même vu que le jeune homme comprenait sa suspicion, et d'ailleurs il n'essaya en rien de la rassurer. Pire encore, il opta pour la franchise. Non que cela dérangeât Naïya, au contraire, elle ne voulait que la vérité, mais cela la surprenait. Andrew, donc. Et Max. Même si elle se doutait que ce n'était pas réellement son prénom. Parce que le jeune homme ne semblait pas du tout s'être penché sur le cas de son "petit chien", et qu'il ne s'y était sans doute pas du tout intéressé, vu l'indifférence qu'il semblait éprouver pour tout. Mais ses mots frappèrent juste, et Naïya prit le temps d'y réfléchir un instant, même plus que cela. Pourtant, elle savait qu'il pouvait réagir au quart de tour, et elle prit encore une fois soin de reculer d'un pas, le frétillement de la Frontière dans son dos lui tirant un frisson de peur.

Il voulait donc bien traverser la Frontière. Mais pourquoi ? Elle ne voulait pas y penser. Ou avait trop peur sans doute de la réponse. Même si elle pouvait tout à fait se tromper. La suite l'avait plus surprise, par contre. Il lui proposait même de l'accompagner dans la foule des villes alentours pour qu'elle pût faire ses "courses", si l'on pouvait appeler cela ainsi. Mais elle ne voulait pas. Ou plutôt, elle préférait y aller seule, elle s'assurerait ainsi plus facilement de ce qu'il se passait réellement. Après tout, s'il entrait dans une foule qu'il avait convertie entièrement, il pouvait tout aussi bien leur demander de se comporter normalement. Soupirant légèrement, Naïya fronça les sourcils un instant, tentant de réfléchir posément. Bon, de toutes manières, elle repasserait de l'autre côté de la Frontière avec lui, et elle ne reviendrait pas avec, ni sans, d'ailleurs. S'il passait de l'autre côté de la Frontière, elle le suivrait, elle partirait même devant pour prévenir le Premier Sorcier et la Mère Inquisitrice. Cela lui semblait le meilleur compromis possible. Prenant une inspiration, elle ferma encore une fois les paupières, levant le visage vers le ciel pour trouver un peu de courage dans la caresse que lui offrait le vent. Puis, elle posa ses yeux dans ceux du jeune homme dénommé Andrew pour s'exprimer à son tour.

- Très bien. Je voudrais juste aller jusqu'à Hartland, mais je préfère y aller seule. Attendez-moi ici, je vous rejoins dans moins de deux heures.

De toute manière, elle était la seule manière qu'il avait de passer de l'autre côté de la Frontière, alors elle n'avait pas trop à s'inquiéter, il ne partirait pas. Mais elle s'inquiétait par contre plus de la manière dont il allait réagir à ce qu'elle venait de dire, à savoir le faire patienter. Les Inquisiteurs étaient des hommes, donc impulsifs. Mais en plus avec des pouvoirs terrifiants. Il ne valait mieux pas les contrarier, en outre. prenant une inspiration, elle fit simplement un léger signe de tête, avant de partir dans un trot vers Hartland, dont on voyait les contours se dessiner à l'Horizon. Elle y serait en moins d'une demie-heure, à cette allure, car elle ne courrait pas lentement, et même c'était plutôt le contraire. Seule son épée aurait pu la ralentir, avec son léger cliquetis et son poids, mais elle s'y était habituée, avec les années. Ses vêtements en coton par contre n'apprécieraient pas le voyage en courant, mais ce n'était pas grave, elle devait faire ce qu'elle avait dit, sinon elle savait ce qu'il se passerait, et elle n'avait aucune envie que cela advînt. Son chemisier à manches courtes d'un blanc immaculé devint bien vite gris sous la poussière qu'elle soulevait en courant, et sa peau, luisante de sueur, attrapa aussi des grains de poussière, se salissant inutilement.

Elle arriva en moins d'une demie-heure à Hartland, comme prévu. Se glissant dans les rues sans bruit, et avec une discrétion peu commune, Naïya détailla les gens, et fit le plus d'endroits possibles dans la ville pour vérifier son fonctionnement normal. En effet, les bagarres étaient toujours de mise, les vols aussi, et aucun habitant de la capitale des Terres de l'Ouest n'avait ce regard fou d'admiration et de dévotion qu'abordait le soi-disant "Max", compagnon d'Andrew. Soupirant de soulagement, Naïya alla donc jusqu'aux écuries de la ville. Cela faisait plus d'une heure qu'elle était partie, et devait se dépêcher d'y retourner. Mais elle avait besoin d'un cheval, et donc passa en prendre un dans la paille des boxes de la ville. Elle trouva un étalon fin et élancé, à la tête expressive, qui lui plut tout de suite. Posant une main sur son chanfrein, elle vérifia que c'était réciproque, et dans un sourire demanda au vendeur de lui donner son prix. Elle paya sans même tenter de marchander, contrairement à ses habitudes, et se hissa souplement sur le dos de sa monture désormais pour la lancer au galop vers l'Est. L'étalon ne se fit pas prier, sans doute n'était-il pas sorti depuis des jours, et c'est en moins d'un quart d'heure qu'elle se retrouva à nouveau non loin d'Andrew, de son cheval et de son compagnon Max. Enfin, de ce qu'il en restait...

A cheval, elle avait plus de chance de pouvoir s'échapper, de pouvoir fuir. Elle avait un temps d'avance, surtout avec le cheval qu'avait pris le jeune homme. Son étalon était en meilleure forme physique, elle l'avait vu en le prenant. Ce n'était pas très réglo pour l'autre équidé, mais elle devait bien avouer qu'elle préférait se sauver. Et autant, Andrew s'en occupait très bien, de sa monture. Sauf qu'il n'y avait plus de cheval. Ni de Max, d'ailleurs... Prenant sa respiration, Naïya s'avança au pas vers la Frontière, tandis que son étalon renâcla, pas du tout rassuré. Hochant la tête, la jeune femme descendit de sa monture et lui caressa tendrement l'encolure pour la rassurer. L'étalon avait peur, et le blanc de ses yeux ressortait sur sa robe isabelle. Il se calma néanmoins sous les caresses de la jeune femme, qui se tourna vers le seul homme qui restait, son regard se faisant encore plus insistant, plus lourd de sens. Prenant son chemisier d'une main pour faire de l'air à son pauvre ventre qui avait sué, elle planta son regard encore une fois dans celui d'Andrew pour lui parler. Chercha néanmoins ses mots un instant, pour ne pas dire quelque chose qui l'aurait énervé, ou qu'il aurait pu mal interpréter.

- Si vous y tenez, il va falloir que vous vous approchiez. Vous mettre au moins devant mon cheval, au risque de prendre des coups...

Une inspiration. Un regard insistant. Elle n'aimait pas du tout l'idée de devoir avoir cet homme à côté d'elle. Un Inquisiteur ! Et s'il ne se contrôlait pas ?! C'était d'ailleurs cela, quelques instants plus tôt, sans doute, la grimace. Il tentait de se contrôler. Or, Naïya n'avait jamais entendu dire qu'un quelconque Inquisiteur tentait de juguler et de contrôler sa magie. Peut-être n'était-il pas si terrible qu'elle le voyait, mais elle préférait voir le pire et être agréablement surprise, que le contraire. Question de principe.

Naïya retint la pire des propositions parmi celles que lui avait fait Andrew : elle irait seule à Hartland, le laissant ainsi à ne rien faire. Bon il y avait un côté positif certes puisqu'elle acceptait de revenir et l'aider à le faire traverser. Mais l'attente dérangeait clairement le jeune homme. Elle ne lui laissa toutefois pas vraiment le choix, se mettant aussitôt en course. L'Inquisiteur hésita un instant à la poursuivre et revenir à son premier plan, à savoir la convertir. Etant à cheval, il pourrait la rattraper aisément. Mais il n'aurait plus le soutien de son converti qui ne pourrait le suivre à cette allure, sans compter qu'il n'avait jamais chevauché jusqu'à maintenant. Si Naïya était une combattante aguerrie, elle pourrait vite prendre le dessus malgré l'avantage premier d'Andrew. Bon et bien il n'avait plus qu'à prendre son mal en patience pendant deux bonnes heures... Qu'allait-il bien pouvoir faire pendant tout ce temps ?
Déjà, un peu d'analyse. La femme connaissait Hartland alors qu'elle n'avait normalement jamais mis les pieds ici ? Intéressant... Cela voulait donc dire que de l'autre côté, ils avaient des informations sur les Terres de l'Ouest. Ici pourtant, Andrew n'avait pas souvent que ce soit réciproque. Mais il était vrai qu'il n'avait pas vraiment eu l'occasion de vérifier ce genre de choses très souvent jusqu'à maintenant.
Autre détail intéressant la concernant : elle se dirigea droit vers Hartland. Il était clair et net qu'elle connaissait ces terres. Soit elle y était déjà venue, soit ils avaient en effet des cartes ou choses de ce genre de l'autre côté. Mais à quoi bon si ces deux mondes étaient censés être isolés l'un de l'autre ?
Bref, il le saurait sûrement bien vite une fois de l'autre côté. Pour le moment, il préféra se concentrer un peu plus sur Naïya. Et si elle ne revenait pas ? Elle avait semblé méfiante, et qu'elle accepte pourtant directement sans contrepartie de l'aider avait clairement quelque chose d'étrange. Elle était partie en courant, peut-être pour le fuir... ? Andrew commençait à mal sentir la situation, il était très probable que la femme ne revienne jamais. A moins qu'avec un peu de chance on ne puisse traverser la Frontière qu'à cet endroit, mais l'Inquisiteur n'y croyait guère. Et il était maintenant trop tard pour tenter de la retrouver. Si tel avait été son but, la jeune femme devait déjà être bien cachée. Il n'avait plus d'autre choix que de l'attendre en espérant qu'elle ne lui ferait pas faux bon...

Au bout d'une petite demi-heure de raisonnements en tout genre, Andrew se dit qu'il avait largement le temps pour s'essayer à une autre expérience avant le retour de Naïya. Elle devait être éloignée maintenant et ne réapparaîtrait pas de si tôt. C'était le moment idéal pour voir si sa toute première théorie fonctionnait. L'Inquisiteur mit pied à terre avant de venir se placer face à la Frontière.

"Max, vient devant moi et ouvre le chemin."

Sans même contester son maître, l'homme vint se placer devant Andrew et commença à marcher vers le mur vert. L'Inquisiteur quant à lui se concentrait, tentant d'ordonner à la Frontière de s'ouvrir devant eux. C'était qu'il ne savait pas comment ça marchait après tout ! Et manifestement, ça ne fonctionnait pas... Tout à coup, des sortes d'ombres apparurent à même le mur, semblant emprisonnées dedans. Elles parvenaient toutefois à déformer l'apparence à première vue lisse de la Frontière par des formes humanoïdes. Celles-ci s'emparèrent alors aussitôt de son fidèle converti, qui dans un dernier geste pour son Inquisiteur repoussa ce dernier en arrière. Andrew aurait bien tenté de le sauver, ne serait-ce que pour ne pas paraître encore plus étrange et psychopathe aux yeux de Naïya lorsqu'elle reviendrait, mais il était indéniablement trop tard pour le pauvre Max... qui disparut bientôt totalement dans la Frontière elle-même.

"Oups."

Voila qui n'arrangeait pas ses projets... Bon certes il comptait se débarrasser de son converti, mais pas en le tuant ! Le laisser de ce côté de de la Frontière alors qu'il irait lui-même de l'autre aurait largement suffit. Et puis maintenant, il allait falloir expliquer son absence à la femme pour ne pas éveiller encore plus ses soupçons... Même si quelque part il s'agissait d'un regrettable accident, Andrew était presque certain que Naïya verrait d'un assez mauvais oeil la mort de l'autre homme et l'en tiendrait pour responsable. Une idée, il lui fallait une idée qui pourrait paraître plausible, qui soit convaincante.
Le cheval de Max ! Les Inquisiteurs se servaient sans aucun scrupule, il lui fallait donc raisonner en sens inverse. Le cheval appartenait à son converti, il pourrait donc le lui "rendre" en quelque sorte. Un Inquisiteur n'agirait pas de la sorte, il le garderait égoïstement pour lui. Il lui fallait donc se débarrasser du cheval. Dommage, c'était pratique pour éviter de se fatiguer, surtout qu'il n'était pas des plus endurants sur de longues distances.
Mais il ne voyait que ça à faire et s'exécuta aussitôt. Donnant une belle claque sur la croupe de la monture, celle-ci partit sans demander son reste avant de bientôt disparaître de sa vue.
Bon et bien il ne restait plus qu'à attendre sagement Naïya maintenant. Le jeune homme partit s'asseoir tranquillement sur un roche non loin. A force d'attendre, il finit même par s'y allonger sur le dos, les mains derrière la tête et une jambe par dessus l'autre.

Au bout d'une longue attente, il entendit quelqu'un approcher, un cavalier à n'en pas douter. Enfin une cavalière pour être plus précise lorsqu'il reconnu Naïya. Elle était revenue, elle avait tenu parole ! Avec un cheval en prime... Vraiment dommage qu'il se soit débarrasser du sien, vraiment...
Etait-ce là ce qu'elle était venue faire d'ailleurs ? Acheter un cheval ? Ils n'en avaient pas de l'autre côté de la Frontière ou quoi ? Il faudrait qu'il lui en fasse la remarque plus tard, ne serait-ce que par ironie.
Pour le moment, elle lui proposait de passer devant, son cheval et elle dessus derrière. Autant dire que cela ne plaisait pas du tout à Andrew, pour deux raisons. La première, question de principe, était qu'il préférait toujours être derrière, avoir une vue sur tout et ne pas craindre un coup en traître. Surtout que dans sa condition, s'attendre à un coup vicieux était assez justifié. Quant à la seconde raison, elle venait de naître il y avait une petite heure environ : comme venait de le confirmer Max, il était vraiment préférable de passer en second ! D'ailleurs, ce pouvait tout à fait être une technique pour se débarrasser de lui, comme lui l'avait fait sans le vouloir avec son converti ! De nature méfiante ne serait-ce qu'à cause de sa nature d'Inquisiteur, Andrew était loin d'être prêt à accepter ça.

Pourtant, avait-il vraiment le choix ? Manifestement, il n'avait aucun autre moyen de traverser la Frontière, Max en avait fait les frais. Naïya ne venait pas d'ici, et les autres habitants des Terres d'Ouest avaient-ils les moyens de traverser ? Andrew en doutait. Il semblerait qu'il n'avait pas trop le choix, ce qui ne lui plaisait pas du tout. Habituellement il n'aurait même jamais accepté, et aurait cherché une autre solution. Mais il n'y en avait pas dans ce cas là, et c'était pour Andy, alors soit...

Toutefois avant d'accepter, le jeune homme trouva bon d'expliquer brièvement ce qu'il était advenu de l'autre homme et de son cheval. Il était évident que Naïya avait remarqué leur disparition à moins d'être plus que sénile, et sûrement devait-elle trouver ça louche voire se méfier encore plus de lui. Or quitte à être devant elle, autant éviter une méfiance trop grande entre eux. Enfin surtout chez elle en tous cas. Dans le sien... disons qu'il était très difficile d'obtenir sa confiance.

"Max ne serait pas venu avec nous. Il m'accompagnait seulement jusqu'à ce que je traverse et m'avait prêté son cheval en attendant. Durant votre absence, il a dû... s'absenter lui aussi. Il est donc parti, et je n'ai bien sûr pas gardé son cheval."

Et voila, pas un seul mensonge ! Max était bien parti, chacun le comprendrait comme il le pouvait. Il n'avait pas gardé le cheval non plus, mais jamais il n'avait dit l'avoir rendu à Max pour autant. Encore une fois, sa phrase était tournée de telle sorte qu'elle passe pour anodine, chacun y comprenant normalement que Max était reparti tranquillement avec son cheval.

"Bon et bien... allons-y."

Il n'y avait clairement aucun enthousiasme dans sa voix tandis qu'il s'exécutait. Il vint se placer devant la monture de Naïya, mais restant à une certaine distance tout de même pour avoir le temps de réagir au moindre mouvement suspect. De même, il était prêt à tout moment à sortir ses deux poignards dissimulés sous les plis de ses vêtements.
Maintenant, il n'y avait plus qu'à attendre que la jeune femme commence la marche. Andrew gardait un oeil derrière lui, aussi bien pour suivre la progression que pour s'assurer qu'il n'y avait aucune entourloupe. Lorsqu'ils seraient assez proches de la Frontière, l'Inquisiteur ne s'avancerait pas plus si celle-ci ne s'ouvrait pas. Il savait globalement à quelle distance de celle-ci Max avait été "aspiré" et il ne ferait pas un pas de plus vers le mur lorsqu'il serait à la même distance s'il n'y avait aucune réaction. Peut-être même bondirait-il sur le côté et attaquerait-il aussitôt la femme, à voir...

En effet, lorsqu'elle revint, il n'y avait plus qu'Andrew, et ses soupçons s'accentuèrent vis-à-vis du jeune homme, même si elle savait pertinemment que s'il l'avait voulu, il lui aurait sauté dessus depuis un moment déjà. Qu'avait-il fait de Max et du cheval ? Elle ne savait pas trop. Dans tous les cas, il lui expliqua que son compagnon s'était absenté et qu'il n'avait pas gardé le cheval, comme s'il voulait montrer qu'il n'avait pas fait de bêtise, comme les enfants, alors que dans ces cas-là, il s'avérait souvent que l'enfant lui-même avait fait une bêtise en amont. Fronçant les sourcils, elle ne le questionna pas plus, mais elle vit clairement que le jeune homme n'était pas enchanté de passer devant. Même s'il ne serait pas tout à fait devant, mais bien à côté d'elle, ce qui ne plaisait d'ailleurs pas non plus à Naïya. Pourtant, c'était la seule solution pour ne pas courir de danger, ni pour elle, ni pour Andrew ou la nouvelle monture qu'elle venait d'acquérir. La pierre de nuit, dans sa poche, tintait légèrement, mais elle n'y accorda pas d'attention, tandis que le jeune homme venait se placer devant l'étalon, qui souffla doucement. Lui, ne semblait pas anxieux, et par là Naïya était certaine que pour l'instant, l'étranger n'avait pas de mauvaises intentions.

Soupirant légèrement, elle le détailla par derrière, notant quelques plis de vêtements malhabiles, dissimulant assez mal un poignard... peut-être deux. Andrew savait sans doute se défendre, donc. Mais la jeune femme avait l'avantage d'avoir son épée. Et ainsi l'expérience de tous les autre sourciers avant elle, et sa propre expérience aussi. Elle ne savait pas si l'un d'entre eux avait eu affaire à un Inquisiteur, mais tant qu'il n'utilisait pas sa magie, la jeune femme pourrait lutter. Il fallait qu'il la touchât pour la convertir, heureusement. Et elle ne le laisserait pas approcher à moins d'un mètre d'elle. Enfin, dans le passage de la Frontière, sans doute n'aurait-elle pas le choix, mais elle voulait absolument garder ses distances. Elle ne monterait de toute manière pas à cheval, si elle avait une certaine expérience sur le dos des équidés et avec les équidés, elle n'était pas stupide et cette prise de risque ne méritait pas d'être prise. Ainsi, elle s'avança jusqu'à la hauteur d'Andrew, prenant une grande inspiration, une rêne de sa monture dans la main, pour l'encourager à la suivre sans trop paniquer. L'étalon était effrayé, mais pour l'instant il dominait sa peur et semblait vouloir faire confiance à sa cavalière, marchant d'un pas derrière elle. Jetant un coup d'oeil à Andrew, elle s'avança d'un pas, l'invitant à la suivre. Malgré elle, elle ne put s'empêcher de parler, de sa voix chantante et pourtant qu'elle réussit à rendre froide et distante...

- Et ne me touche sous aucun prétexte.

Une main sur le pommeau de son épée, elle souffla longuement et s'avança d'un autre pas vers la Frontière, fouillant le fond de sa poche nonchalamment. Elle trouva rapidement la pierre de nuit et la tendit devant elle, sans ouvrir la paume de sa main, pour qu'Andrew ne fût pas tenté de la lui voler pour traverser seul la Barrière. Et puis quoi encore ! Fronçant les sourcils, elle s'avança doucement, et l'immense mur commença à vibrer, et à devenir moins opaque, montrant les créatures, les ombres, qui rodaient en son sein. Elles tentaient de venir tout contre la paroi pour attraper les jeunes personnes, ou le cheval, mais la pierre de lune les tenait écartées plus sûrement qu'un quelconque autre artefact l'aurait fait. Pressant le pas, Naïya intima d'un signe de tête à Andrew de faire le même, et c'est en courant qu'ils passèrent les quinze mètres de longueur de la barrière à cet endroit-là. Derrière eux, l'étalon avait une trouille monstre, mais restait dans le sillage de Naïya, la tête haute et les yeux exorbités pour montrer à quel point il paniquait. Son hennissement de frayeur retentit alors qu'ils étaient à un mètre du bord de la Barrière, tandis que cette dernière se refermait derrière eux sans ménagement, avec les ombres qui criaient presque, effrayantes au possible.

Dans un soupir, Naïya fit un bond en avant, avant de se dégager de sa propre trajectoire, anticipant le mouvement de fuite de son cheval, qui passa pile à l'endroit où elle s'était tenue quelques secondes auparavant. De sa voix douce, elle parla à l'animal, doucement, s'approcha de lui, tenant toujours sa rêne, pour le caresser. Il était dégoulinant de sueur, preuve qu'il avait eu réellement très peur, le pauvre animal, et Naïya entreprit de le rassurer du mieux qu'elle put. Lorsqu'il fut à peu près calme, la tête plus basse, la jeune femme s'approcha d'Andrew, qu'elle n'avait pas lâché du regard durant sa phase de réconfort du cheval, et lui adressa un signe du menton, qui voulait tout à fait demander s'il était content maintenant. Mais elle n'avait dorénavant plus aucune envie de le lâcher, même pour quelques secondes, car il pourrait s'enfuir à toutes jambes. Même si elle pouvait facilement le rattraper à cheval. Mais cette solution n'était pas bonne, car s'il commençait à monter en adrénaline, il ne contiendrait pas son pouvoir. Et elle n'avait aucune envie de devenir sa marionnette. Fronçant les sourcils, les rênes de son cheval en main, elle demanda alors :

- Quelle est la chose intéressante que vous cherchez, d'ailleurs, de ce côté de la Frontière ?

Finalement, Naïya vint à sa hauteur, ce qui arrangea grandement Andrew. Etre à ses côtés plutôt que devant elle était toujours mieux, même si être derrière restait préférable. Elle était descendue de son cheval, qu'elle traînait derrière elle. Un autre avantage selon Andrew au cas où la femme prendrait soudainement l'idée de l'attaquer. En fait, le cheval juste derrière elle, si ce dernier était tout à coup pris de panique en cas de conflit, ce serait la jeune femme qui serait désavantagée. Enfin bref, là n'était pas le problème pour l'instant. Et si Andrew parvenait à se retenir, il n'y avait aucune raison que ça ne dégénère non ? Quoi qu'il continuait de se demander pourquoi elle avait accepté de l'accompagner alors qu'elle semblait clairement méfiante.
D'ailleurs, sa petite phrase avant d'y aller finit confirma cette hypothèse. Elle l'avait même tutoyer pour l'occasion alors qu'elle le vouvoyait jusqu'à maintenant.
A dire vrai, sa simple et courte phrase en disait même bien plus que cela ! Ne pas la toucher ? Quelle étrange remarque... à moins de ne savoir ce qu'il était ! Andrew n'avait rien fait de particulier pour être pris pour un pervers, et il ne voyait aucune autre raison qu'on ne somme quelqu'un de ne pas nous toucher. Sauf dans le cas d'une Inquisitrice bien sûr... Et puis étant lui-même Inquisiteur, ce genre de remarque sur le toucher lui faisait immédiatement penser à son pouvoir.
Ainsi donc, elle se doutait sûrement de ce qu'il était ? De plus en plus étrange, son comportement en était de moins en moins compréhensible. Une chose était sûre vu la réticence avec laquelle elle s'était prononcée : il y avait une raison pour qu'elle l'aide à le faire traverser. Sa compagnie ne lui plaisait probablement pas, mais le laisser seul ici semblait lui déplaire encore plus. Pourtant, elle n'était pas d'ici et en le faisant traverser, elle lui ouvrait là les portes de chez elle. Qui donc laisserait entrer chez soi quelqu'un dont on se méfie ? Et surtout quand on savait de quoi il était capable... Son comportement n'avait rien de rationnel.
Autre possibilité : il était bel et bien toujours recherché, et elle comptait le livrer. Peut-être y avait-il une récompense pour quiconque y parviendrait, que sa tête était mise à prix ? Elle était venue jusqu'ici rien que pour ça peut-être même ! Cela expliquerait bien des choses. Son aide gratuite malgré la méfiance et le danger entre autres choses.

Maintenant, Andrew s'en méfiait d'autant plus. Une fois de l'autre côté, il était prêt à parier qu'elle ne le laisserait pas seul. Peut-être même une embuscade l'y attendait-il... Pas de chance, il n'avait même plus de converti sous la main, et faire succomber celle-ci à son pouvoir serait plus difficile si elle était sur ses gardes. Encore plus si c'était une "chasseuse d'Inquisiteur" entraînée à ce genre de situations. Voila qui n'augurait rien de bon pour le jeune homme...
Pour le moment, Andrew eut pour seule réponse à cette réflexion un petit soupir amusé, un léger sourire aux lèvres.
Il observa ensuite Naïya sortir un objet de sa poche et le tendit vers la Frontière sans que l'Inquisiteur n'arrive à le voir. Il fallait donc bien être équipé de quelque chose pour passer. Il ne risquait donc pas d'y arriver seul... En revanche, il se demanda ce qui avait bien pu se passer pour Andy dans ce cas. Sa jumelle ne l'aurait pas laissé seul d'elle-même, et si on l'avait emmenée de force de l'autre côté... c'était qu'on en venait déjà et juste pour elle ! Possible que cette femme y soit pour quelque chose d'ailleurs. Fort de renseignements fournis par sa soeur sous la torture, ils avaient pu revenir pour lui...

Mettant un terme à sa paranoïa grandissante, qui n'amènerait rien de bon ni de concret, Andrew se contenta de se concentrer sur la situation actuelle. Mais il demanderait sûrement plus tard et cette femme si elle savait quelque chose sur Andy. En la convertissant peut-être, les informations seront plus fiables ainsi.
Naïya prenant les devants, Andrew la suivit sans s'attarder. Il valait mieux rester près d'elle afin que la barrière magique ne se referme pas sur lui et ne lui fasse subir le même sort que le pauvre Max.
La traversée se passa sans encombre, et enfin ils parvinrent de l'autre côté. Alors ça y est, il y était enfin... A première vue, l'endroit ne semblait pas très différent des Terres de l'Ouest. Enfin bonne nouvelle : pas d'embûche en vue !
L'Inquisiteur n'eut toutefois pas le loisir d'observer les alentours plus longtemps, le cheval de Naïya s'emportant tout à coup. Il manqua de peu la jeune femme, ce qu'Andrew regretta presque. Sans la voir morte pour autant, lui fausser compagnie parce qu'elle aurait fini assommée aurait été très pratique vu les circonstances. Malheureusement, elle esquiva comme si elle avait vu le coup venir. Peut-être avait-elle vraiment un don de voyance après tout ! Ce qui n'arrangerait en rien ses affaires...
Tandis qu'il réfléchissait à comment se séparer d'elle à l'amiable, Naïya lui posa une question un peu trop indiscrète à son goût. Quoi qu'il y répondrait peut-être, du moins en partie, puisqu'il comptait justement lui parler d'Andy, ne serait-ce que pour vérifier qu'elle n'y était pour rien dans sa disparition.
Il n'eut cependant pas le temps de répondre, une étrange voix se faisant entendre, de lui seul seulement. Cette voix, c'était... impossible !

"Mère..."

Non, ce n'était pas la réponse à la question de la jeune femme, bien qu'elle pouvait paraître comme telle. Non il s'agissait là de la voix qu'il entendait, celle de sa défunte mère.
Avait-elle traversé la Frontière elle aussi ? Simulant sa mort pour empêcher son fils de la suivre là où il n'était pas le bienvenue. Peut-être était-ce elle qui avait emmené Andy ? Elles avaient quelque chose à faire ici et Andrew ne pouvait pas y prendre part, pour sa sécurité... C'était la seule explication possible.
Cherchant d'où venait la voix, Andrew était dans une sorte de transe, ne prêtant plus aucune attention à ce qui se passait autour de lui. Il s'avança doucement vers l'origine de la voix et, sans s'en rendre compte, vers la Frontière à laquelle il refaisait maintenant face. Car c'était de là que venait la voix. Les ombres qui l'habitaient avaient cette faculté d'imiter vos proches décédés afin de vous attirer à elles, et c'était exactement ce qui se passait avec Andrew. Plutôt seul au monde, les deux seules femmes qu'il avait jamais vraiment aimé l'ayant quitté, entendre l'une d'elles l'appeler à elle ainsi fut une chose à laquelle il était incapable de résister, le déconnectant totalement de la réalité.
Encore quelques pas et il subirait le même sort que Max...

La jeune femme fut surprise, mais agréablement, en voyant que rien ne s'était passé durant la traversée de la Frontière pour passer dans le Nouveau Monde. Le garçon n'avait rien tenté à son égard, et heureusement, sinon il aurait tâté de son épée ! Et puis quoi encore... Mais ce n'était plus la peine de s'inquiéter, et Naïya sentit un peu de sa prudence s'en aller, simplement parce qu'elle avait été à une distance non négligeable de proximité avec Andrew et que ce dernier n'avait rien tenté du tout, et cela la rassurait . Ce n'était pas pour autant qu'elle avait perdu toute sa méfiance, mais elle se sentait un peu plus libre de ses mouvements. Elle était soulagée. Ne le montrant néanmoins pas, elle se tourna vers le jeune homme lorsqu'ils eurent traversé la Frontière, tandis que l'étalon passait devant elle avec force, à cause de sa peur, et elle vit dans l'éclat de ses yeux, après ses propres paroles, que quelque chose n'allait pas. Ou plutôt que quelque chose l'appelait, qu'il y avait un truc qui clochait, en somme. Elle ne comprit pas tout de suite, avant que le jeune homme ne dît un mot, un simple mot. Mère. Naïya ne comprit pas. Pourquoi disait-il cela ? Etait-ce la réponse à sa question ?

Fronçant les sourcils, elle le vit aller vers la Frontière, dans une sorte d'état second. Ne... Que faisait-il ? Il venait de la traverser sans encombre, et voilà qu'une fois de l'autre côté, il allait se jeter dans le vide et dans les bras du Gardien. Son esprit tournait à mille à l'heure. Elle ne pouvait pas le laisser mourir stupidement ainsi ! Non pas qu'elle tenait à le livrer à tout prix à la Mère Inquisitrice ou au Premier Sorcier, s'il mourrait, cela aurait été mieux en fait... Mais que c'était contre sa nature. Elle ne pouvait pas voir mourir les gens sans raison, et elle était là pour préserver la vie. Garder la Vérité et lutter pour la Vie en général. Soupirant, elle posa son regard sur l'étalon. Une seconde. Non, c'était trop risqué, le cheval était encore complètement effrayé. Soupirant, elle attrapa une rêne et la bloqua sous la sangle, pour entraver le cheval et l'empêcher de s'enfuir malgré sa peur. Puis, d'un pas décidé, elle arriva jusqu'à la hauteur d'Andrew. La note cristalline qui surgit dans l'air la fit sourire, la rassurant. La magie de l'Epée déferla contre elle, tandis qu'elle dirigeait toute sa colère contre le mur, et contre ces ombres. Le jeune homme n'était plus qu'à un mètre de la barrière, et du plat de sa lame, elle l'arrêta en lui donnant un coup non négligeable au niveau de l'abdomen, dans le but de le faire rouler plus loin et de l'ôter du contrôle des ombres.

Ce qu'elle vit alors lui tira un frisson dans le dos. Évidemment, maintenant qu'elle était à leur portée, c'était elle que les ombres prenaient comme cible. La voix de son père s'éleva, et même si elle savait parfaitement qu'il était encore vivant et pas là, son corps ne pouvait plus bouger, elle restait immobile sans savoir quoi faire. Mais l'épée ne semblait pas de cet avis, et en envoyant une nouvelle onde de magie, une onde puissante, elle permit à Naïya de se reprendre, et cette dernière recula précipitamment en grondant toute seule, comme un animal sauvage presque. Le grondement qui s'était élevé de son torse ressemblait à ceux des gros animaux sauvages et prédateurs, et pouvait être bien effrayant. D'ailleurs, le cheval tenta de se débattre un instant, mais ne put défaire l'ingénieux système qu'avait mis en place Naïya avait de s'en éloigner. Cette dernière cligna précipitamment plusieurs fois des yeux, recula encore de deux pas, tournant la tête vers Andrew. Entendait-il encore la voix ? Elle-même n'entendait plus celle de son père, mais sans doute était-ce une question de sensibilité... non ?

Andrew n'était plus très loin de l'étreinte de sa mère, encore quelques pas et il pourrait la serrer dans ses bras. Pourtant, il n'en fut rien. On venait de l'arracher à cette "réalité" en lui donnant un coup dans le ventre. L'Inquisiteur recula aussitôt de quelques pas et tomba même à terre sous le choc auquel il ne s'était pas du tout attendu, trop absorbé par ce qu'il entendait. Toutefois, ce fut grâce à cela qu'il revint à la vrai réalité, même si ce n'était pas celle qu'il préférait. Sa mère était bel et bien morte !
Quant à la voix qu'il avait entendu un peu plus tôt, il comprit bien rapidement d'où elle venait. Maintenant qu'il avait repris ses esprits, il prenait conscience de ce qui venait de se produire. Naïya l'aida même à comprendre. Heureusement pour elle d'ailleurs car sur le coup, Andrew avait eu une forte envie de la tuer pour l'avoir frappé et détourné de son chemin. Sauf qu'il la vit à son tour avoir un bref moment d'hésitation face à la Frontière. Puis une onde de choc qu'il arriva à ressentir jusqu'ici se déclencha, ramenant à la réalité la jeune femme qui ne se fit pas prier pour se reculer. Celle-ci laissa alors échapper un son bien étrange, à se demander si ce n'était pas une bête déguisée en humaine !
Le jeune homme en conclut que la Frontière était bien plus dangereuse qu'il ne le pensait, et qu'il fallait y être préparé et avoir une forte volonté pour y faire face. Dans son cas, il n'avait eu qu'une seule de ces deux choses : la volonté. Il n'aurait plus aucun mal à résister aux appels s'il les entendait de nouveau dorénavant.
Une autre évidence lui vint également en tête, et celle-ci ne lui plaisait absolument pas : il semblerait qu'il doive la vie à Naïya... Or, Andrew détestait être redevable envers quelqu'un, surtout si c'était la vie qu'il devait. Il allait maintenant devoir s'acquitter de cette dette d'une façon ou d'une autre, question de principe. L'une des raisons pour lesquelles il n'aimait pas ça d'ailleurs. Il avait autre chose à faire que d'aider tout le monde.
Surtout qu'elle n'aurait pas eu à le sauver si il ne l'avait jamais rencontré puisque cette situation ne se serait pas présentée ! D'un autre côté, il n'aurait pas traversé la Frontière non plus en ce cas. Ce qui finalement voulait dire qu'il lui était doublement redevable... Enfin n'exagérons pas, juste la vie ça suffirait. Puis il avait bien précisé qu'il ne pourrait rien offrir en retour si elle le faisait traverser et elle avait accepté. C'était donc clos pour ce sujet là !
Se relevant et balayant de quelques gestes de la main les légères traces qu'il avait sur le corps suite à sa chute, Andrew regarda droit dans les yeux Naïya avant de laisser un échapper un bref mais sincère merci.

"Merci. Peut-être devrions-nous nous écarter un peu plus de cette chose maintenant."

Joignant le geste à la parole, l'Inquisiteur reculait déjà de quelques pas, se dirigeant vers le cheval. Il en était d'ailleurs plus proche que Naïya, et son mouvement aurait pu passer pour une tentative de vol. Il n'en fit pourtant rien, attendant au contraire la femme à côté de la monture. Il n'était plus question de lui faire un mauvais coup maintenant. Quoi que la quitter au plus vite restait tout de même toujours d'actualité bien sûr. Ce n'était juste pas le moment idéal après cet évènement.
D'ailleurs, il se demandait bien pourquoi la jeune femme l'avait sauvé. Il semblait clair qu'elle savait ce qu'il était, et si elle se répugnait ou avait peur de l'attaquer directement, le laisser se faire engloutir par la Frontière aurait été une façon idéale de s'en débarrasser. A moins que sa tête ne soit mise à prix vivante bien sûr ! Et non, Andrew n'allait pas avoir pleinement confiance ni perdre toute sa méfiance envers cette femme juste parce qu'elle venait apparemment de lui sauver la vie ! Les raisons qui l'avaient poussée à agir ainsi lui étaient encore inconnues après tout, mais il serait étonnant qu'elle n'ait rien eu en tête. Peu de gens, pour ne pas dire personne, agissaient de façon désintéressée, gratuitement et sans rien attendre en retour. Cette forme de gentillesse ne se trouvait que dans les contes pour enfant afin de leur donner l'illusion que la bonté existait. Peut-être espéraient-ils ainsi que ces mêmes enfants soient bons plus tard. Allez savoir ce qui se passait entre temps pour que ce ne soit finalement pas le cas...

Autre preuve qu'Andrew ne voulait aucun mal à Naïya et lui était même redevable : il l'avait inclue dans le "nous devrions nous écarter", comme s'il se souciait maintenant d'elle. Habituellement il se serait juste écarté sans rien dire, libre aux autres d'en faire de même ou pas. Bon évidemment, ce serait probablement seulement le temps qu'il ait payé sa dette. Sûrement qu'une fois fait, du sort de Naïya il redeviendrait totalement indifférent.
Bien entendu, il allait devoir redoubler de prudence pour ne pas convertir la jeune femme. Ce serait un peu un comble qu'il détruise son âme alors qu'il lui devait la vie... Peut-être allait-il devoir mettre son rada'han, juste au cas où ?
Hm... non, pas encore, un peu de patience. Il était un peu trop tôt pour déjà se montrer ainsi d'une part puisqu'il n'était pas encore totalement sûr qu'elle savait ce qu'il était. Presque sûr mais pas à cent pour cent.
Ensuite, n'oublions pas qu'il n'avait toujours pas assez confiance en elle, qu'il ne connaissait toujours pas ses intentions à son égard. Car il était certain qu'elle en avait pour avoir agit ainsi depuis le début avec lui ! Ainsi, au cas où son aide avait un effet pervers, Andrew n'aurait plus aucune dette envers elle et serait peut-être même amené à devoir se défendre. Que son pouvoir soit alors accessible à ce moment là ne serait pas de trop, avouons-le !
Pour le moment, afin d'essayer d'y voir plus clair dans son jeu, seule la discussion pourrait les faire avancer un peu. Aussi le jeune homme entreprit de répondre à la question posée un peu plus tôt, sans s'attarder plus longtemps sur ce qui venait de se passer. Dans tous les cas, qu'on lui vienne en aide restait un sujet qu'il n'aimait pas aborder par la suite.

"Je recherche quelqu'un qui m'est cher et qui se trouve sur ces terres."

Le problème d'ailleurs était qu'il ne savait pas du tout où chercher maintenant qu'il s'y trouvait. Son premier objectif avait été de traverser la Frontière, et c'était fait. Mais maintenant... vers où aller ? Il n'en avait aucune idée, surtout qu'il ne connaissait rien de ces lieux. Un détail auquel il ne pensa que maintenant et qui le dérangeait déjà.
Sa réponse était assez vague sur certains points, mais elle devrait répondre déjà à quelques interrogations de Naïya. Il trouva d'ailleurs bon de lui retourner la question en plaçant maintenant la remarque à laquelle il avait pensé plus tôt.

"Et vous en fait ? Je ne sais toujours pas ce que vous évitez venue faire dans les Terres de l'Ouest. Vous n'étiez tout de même pas venue juste pour acheter un cheval si ?"

Lorsque Andrew fit la remarque qu'il valait mieux s'éloigner de la Frontière, Naïya acquiesça, dans un état second.Elle avait du mal à comprendre pourquoi c'était la voix de son père qui avait retenti. Normalement, les ombres prenaient l'apparence et la voix de personnes défuntes pour attirer les gens, mais elle pensait bien que le Sorcier n'était pas mort, en tout cas pas aux dernières nouvelles qu'elle avait eues... Oui, sauf que cela faisait des mois qu''elle n'avait pas eu de nouvelles, étant donné qu'elle parcourait tout le Nouveau Monde depuis des mois, n'étant pas passée par la Forteresse du Sorcier depuis longtemps, en réalité. Fronçant les sourcils, elle réfléchissait, ne prêtant pas ou presque plus attention à l'Inquisiteur qui s'était éloigné, semblant vouloir s'en aller, presque en volant le cheval, mais n'en faisant rien, juste l'attendant. Elle ne comprenait pas. Son père était-il mort ? Et puis, cet homme, n'était-il pas censé ne pas résister à son pouvoir ? C'était ce qu'étaient les Inquisiteurs, totalement incontrôlables. Tout se mélangeait dans sa tête. Comment aurait pu mourir son père ? Etait-il allé jusqu'au Palais du Prophète, mais pris par la garde du Seigneur Rahl entre temps ? Avait-il succombé à l'Agiel, terrible, d'une Mord-Sith, tandis qu'il tentait d'infiltrer le palais ? Son esprit tournait, mais aucune réponse n'était satisfaisante pour elle. Mais elle voulait savoir.

Le sentiment d'injustice pointa son nez à ce moment-là, et dans un réflexe, Naïya posa sa main sur le pommeau de l'arme, sentant sa colère déferler en elle. Fermant les yeux, elle tenta de la juguler, de faire attention au moment présent. Elle ne put que se raccrocher aux paroles du jeune homme qui tentait de répondre à la question qu'elle avait posée avant qu'il ne s'avançât vers la Frontière en entendant sa mère l'appeler... Quelqu'un qui lui était cher. Mais qui était cette personne ? Prenant une inspiration, Naïya tenta de connecter sa mémoire à son cerveau, et chercha dans cette dernière. Elle avait lu qu'il y avait eu des jumeaux, et que l'un d'eux était un garçon, et l'autre une fille. Est-ce que c'était véridicte ? Elle le pensait. Les Inquisitrices luttaient pour la même chose qu'elle : connaître la vérité. Les archives n'auraient jamais contenu des mensonges. Sauf que cela lui paraissait vraiment de plus en plus gros, toutes ces coïncidences. Et elle devait en avoir le coeur net. Mais l'homme lui posa des questions avant cela, et elle décida d'y répondre avant tout, pour calmer son coeur qui battait la chamade dans sa poitrine, et ralentir son souffle qui s'était fait sifflant.

- J'étais partie en Terres d'Ouest pour les explorer, simplement. Avant cependant, je suis passée au palais des Inquisitrices pour regarder leurs archives, et j'ai découvert quelque chose d'étrange. Pour moi, c'était juste une excuser pour justifier mon voyage, je ne voyais pas en quoi cela pouvait... aboutir.

Naïya fit une légère pause, reprenant son souffle un instant. Elle soupira, releva le menton, plantant ses yeux marron empreints de reflets oranges dans ceux gris d'Andrew. Fronçant légèrement les sourcils, plissant les paupières et le nez, elle demanda presque abruptement, sans hésitation :

- Tu es un Inquisiteur ?

Ce n'était pas tant une question, mais plutôt une affirmation qui demandait confirmation. Gardant ses yeux plantés dans ceux de son interlocuteur, elle s'avança vers le cheval et défit la rêne qu'elle avait coincée dans la sangle pour le désentraver, et lui rendre toute son extension d'encolure. Secouant la tête vivement, l'étalon hennit doucement, de ce raclement qu'ils ont, comme pour un merci. Lui caressant le chanfrein, un peu absente, Naïya inspira profondément, attendant la réponse du jeune homme. Déjà, voudrait-il répondre, c'était une première question. Elle ne savait pas trop qu'en penser. Il semblait assez bien se contrôler, pour l'instant en tout cas. Même si avait de franchir la Frontière, elle avait senti cet afflux de magie lui parvenir, montrant bien par là qu'il ne se contrôlait pas totalement. Sans doute avait-il était initié. Et puis, il ne pouvait pas être un Sorcier, car un Sorcier devait être suivi par un Sorcier de plus haut rang pour pouvoir survivre, à cause des maux de têtes terrible qu'ils attrapaient lorsque leur pouvoir se développait. Il n'y avait vraiment pas d'autre solution. Et suivant ce qu'il lui répondrait, elle lui accorderait un peu plus sa confiance ou non. Mais dans tous les cas, elle allait le ramener jusqu'au Palais des Inquisitrices ou à la Forteresse du Sorcier. Il était hors de question que cela se passât autrement...

Naïya lui répondit, et de façon plus détaillée que la fois dernière. A peine eut-elle prononcé les mots "Inquisitrices" et "archives" que les suspicions d'Andrew grandirent à vitesse grand V. Cela confirmait de plus en plus la théorie comme quoi elle était là pour lui, qu'elle recherchait l'Inquisiteur. Quant à savoir pour quoi faire... rien de bon sûrement.
Elle lui avoua toutefois qu'il s'agissait plus d'une excuse qu'autre chose, ce qui voulait sûrement dire qu'elle ne pensait pas un seul instant que son existence soit vraie et encore moins tomber sur lui. Son avis de ce point de vue là avait dû changer il y avait peu à n'en pas douter !
Ses propos signifiaient également autre chose : si elle ne pensait pas réellement le trouver en Terres d'Ouest, elle n'avait peut-être pas de projets non plus une fois qu'elle lui serait tombée dessus. En clair soit elle n'avait rien prévu de malsain à son encontre et ne le ferait pas, soit elle avait des plans le concernant mais il s'agissait alors d'improvisation. Ce qui donnerait un avantage presque certain à Andrew qui était très doué pour réagir au quart de tour. A défaut d'une force et d'une constitution fortes, il avait développé de très bon réflexes ainsi qu'une agilité qui n'avait rien à envier. En bref ses dires furent très instructifs et rassurèrent le jeune homme, quoi que l'hypothèse qu'il puisse s'agir d'un mensonge n'était pas à exclure non plus bien sûr. Mais Andrew pensait plus qu'elle était sincère qu'autre chose tout de même. Enfin, il verrait bien !

Encore plus intéressant : elle lui demanda presque aussitôt après s'il était un Inquisiteur. Intéressant dans le sens où la suite de leur conversation serait très certainement assez particulière. Andrew eut aussitôt un petit sourire aux lèvres et un regard légèrement amusé. Tandis que Naïya s'occupait du cheval, il réfléchissait à la situation, voyant ce qu'il pourrait bien répondre ou non. Qu'il confirme ses interrogations était une évidence. Il était clair qu'elle le savait déjà depuis quelques temps, le jeune homme s'en doutait déjà. Elle ne venait que de lui confirmer.
Non Andrew se demandait plutôt ce qui allait se passer maintenant que c'était "officiel". Tant que ce n'étaient que des suppositions chez la jeune femme, celle-ci ne pouvait pas vraiment tenter grand chose contre lui si elle avait un minimum d'honneur. Mais maintenant qu'elle le saurait et vu les rumeurs sur les gens comme lui, la situation pourrait très vite devenir plus délicate. Peut-être n'attendait-elle qu'une confirmation pour agir après tout. Il allait donc devoir développer un peu plus sa réponse pour prouver sa bonne foi et non se contenter d'un simple "oui" comme il le ferait d'habitude.
Prouver qu'il n'était pas aussi vil que le prétendaient les rumeurs, tenter de briser les préjugés. Voila qui n'allait pas être facile... Il espérait juste se montrer assez convaincant. C'était qu'il serait dommage d'être forcé de la convertir si elle lui voulait du mal alors qu'elle l'avait sauvé un peu plus tôt. Cependant si elle tentait quoi que ce soit contre lui il n'hésiterait pas un seul instant. Pour le moment, il était juste prêt à faire cet effort que de tenter de la convaincre. Ce serait déjà payer sa dette en partie en quelque sorte, puisque cela finirait sinon très mal de toute façon.

"Il me semble que vous le savez déjà non ? Oui, je suis bien le fils d'une Inquisitrice. Je me demandais d'ailleurs pourquoi vous restiez avec moi, pourquoi vous m'aidiez, si finalement vous vous en doutiez déjà. D'après ce que j'ai compris, les gens comme moi n'ont pas très bonne réputation ici, et je ne doute pas que le peuple tout entier écoute tous ces préjugés sans chercher à voir plus loin, juste à cause d'un passé peu glorieux. Généraliser est une excuse facile pour ne pas se remettre soi-même en question alors qu'on suit la masse tel un mouton sans réfléchir par soi-même. Ne vous êtes-vous jamais demandé si ce n'étaient pas ces mêmes préjugés ainsi que le rejet et l'isolement qui s'en suivent qui faisaient de ces hommes des monstres ? Je ne sais pas ce qu'ont vécu mes prédécesseurs je l'avoue, mais je sais que dans mon cas il serait normal d'en vouloir à votre peuple et de le persécuter comme il m'aura persécuté. Et pourtant je n'en ferais rien, votre peuple m'indiffère même si ce n'est pas réciproque."

S'il n'avait pas parlé avec la même indifférence qu'à son habitude, on aurait pu croire qu'Andrew venait de cracher toute la haine qu'il ressentait à cause de sa condition forcée à l'isolement. Pourtant non, il avait dit ça tout à fait normalement, comme s'il n'énonçait qu'un simple fait comme un autre. Preuve qu'il s'en moquait réellement, tant qu'on le laissait tranquille bien sûr.
En ayant terminé avec sa nature d'Inquisiteur - il pensait avoir dit ce qu'il y avait à dire - il reposa une question à Naïya afin de s'assurer d'avoir une réponse après tout ce qu'il venait de dire.

"Alors dites-moi, si vous êtes comme tous les autres, si vous pensez pareil qu'eux à mon sujet, pourquoi êtes-vous encore là avec moi ? Pourquoi ne pas m'avoir laissé bloqué dans les Terres de l'Ouest, là où votre peuple n'aurait rien eu à craindre de moi ? Vous avez forcément des raisons pour agir de la sorte avec moi alors que vous saviez dès le départ ce que j'étais."

Inutile de préciser les hypothèses auxquelles il pensait en revanche, autant voir déjà ce que Naïya aurait à lui répondre à ça. Lui dire ce qu'il en pensait serait peut-être lui proposer une échappatoire sur un plateau d'argent. Il préférait avoir sa propre version des faits.
Pendant un bref instant, Andrew hésita de nouveau à enfiler son rada'han. Ca aurait été le moment parfait pour lui prouver sa bonne volonté. Mais à dire vrai il était toujours trop tôt pour cela. Il n'était pas encore certain des intentions de la jeune femme. Et si elle avait connaissance de son objet qui neutralisait ses pouvoirs ? Leurs archives semblaient receler bien des choses sur lui, peut-être ce détail s'y trouvait-il même si cela aurait été très surprenant ? Pour le moment il arrivait à se contenir sans trop de difficultés en plus, alors autant s'en passer, juste par précaution.

Naïya prit une profonde inspiration. Les mots d'Andrew avaient visé juste, mais elle ne pouvait lui en vouloir. A la base, le pouvoir des Inquisitrices était là pour leur permettre de connaître la vérité. Les Inquisitrices luttaient pour la Vérité, tout comme elle. Elles étaient même censées protéger le Sourcier de Vérité qu'elle était, c'était ainsi, c'était leur mission. Il était vrai qu'Andrew était un homme, et donc qu'il ne se sentait pas à même s'assurer les mêmes responsabilités que les femmes possédant son pouvoir. C'était ainsi, parce que le cerveau d'une femme ne fonctionnait pas de la même manière que celle d'un homme, et que la compassion nécessaire pour utiliser justement le pouvoir qui leur avait été donné n'était pas naturelle chez un homme... C'était d'ailleurs pour cela que les Inquisiteurs avaient usé à tort et à travers de leurs pouvoirs. Pourtant, certains étaient porteurs des meilleurs intentions du monde, mais l'éclat de clairvoyance purement féminine qui permettait de comprendre la justice et la vérité telle qu'elle était n'était pas naturelle chez eux, et malgré le fait qu'ils eussent tenté de se contenir, un jour où l'autre ils avaient explosés. C'était aussi pour cela que la guerre était née...

Oui, Naïya le savait déjà, mais elle avait eu besoin d'en être certaine. Se baser sur des doutes était le meilleur moyen de se planter, elle le savait bien. Bien que le doute faisait avancer, elle n'aimait pas s'appuyer sur des bases qui pouvaient flancher. Soupirant légèrement, elle écouta attentivement ce que disait Andrew, et elle devait bien avouer qu'en effet, elle s'était laissée portée par les dires des autres. Elle avait en quelques sortes fléchi à son poste. Elle était Sourcier de Vérité, et elle devait apprendre les choses par elle-même, et non pas dictées par d'autres personnes. Une autre erreur. Heureusement, celles-là étaient réparables. Mais elle devait bien avouer qu'il était difficile de ne pas succomber à la panique générale lorsque l'on voyait à quel point ceux qui avaient connu ça s'en méfiaient et les haïssaient au plus haut point. Non, haïr n'était pas le bon verbe. Ils étaient plutôt terrifiés. Terrifiés de ce qu'ils avaient vu et enduré. Prenant une autre inspiration, la jeune femme cligna plusieurs fois des yeux. On exécutait les nouveaux-nés de sexe masculin depuis les Âges Sombres justement parce que cette période de l'histoire des Contrés du Milieu avait montré à quel point aucun Inquisiteur ne pouvait résister à la corruption de leur pouvoir. Ils n'avaient pas la bonne empathie, d'après les Sorciers, cette empathie si spécifique que seules les femmes pouvaient éprouver. Elle ne put empêcher sa voix de s'élancer dans les airs, douce et ferme toutefois, aux accents toujours aussi trilles, comme le chant d'un oiseau.

- On ne tue pas les Inquisiteurs pour rien, ni depuis le début. C'est à cause des Âges Sombres que cette procédure est née. Et vous savez pourquoi ? Parce que l'on a fait confiance aux Inquisiteurs, et qu'ils se sont ligués contre tout le reste, alors que la situation était dans un état stable de paix. Ils ont voulu assujettir toutes les Contrées du Milieu pour leur propre plaisir, simplement parce que le pouvoir qu'ils détiennent ont sur eux un effet corrupteur. Ils n'ont jamais su s'en servir pour une cause juste et ne l'utilisent que dans leur propre intérêt, par pu égoïsme et non pas pour ce qu'il devait faire lorsqu'il a été créé : connaître la vérité. Votre pouvoir servait à cela, parce que les Sorciers avaient marre des complots que pouvaient préparer les souverains, et donc l'avaient donné à des femmes. Un pouvoir fait pour des femmes, et les Sorciers n'ont pas mesurer l'ampleur qu'il pouvait avoir sur des hommes. Une erreur, sans doute, qui n'est pas la mienne. En tout cas, cela a été démontré, votre pouvoir a un effet néfaste sur vous, et il n'y a pas d'exception de ce côté-ci. Peut-être dans le fait que tu veux le juguler, il y a exception, mais ça doit être par rapport à ton éducation, et à ta fuite...

Reprenant son souffle, la jeune femme soupira légèrement, inspira profondément et commença à marcher à côté de son cheval, qui renâclait doucement. Elle devait bouger, sinon sa tête allait exploser sous les assauts qu'elle subissait de l'intérieur. Mais elle se contint, sentit pourtant contre son flanc, la magie de l'épée l'avertir, et ferma les yeux, continuant d'avancer. Elle reprit alors, déboutonnant un pan de sa chemise, car elle avait vraiment trop chaud.

- Je ne sais pas que penser. Je suis au service de la Vérité, moi aussi. Les Inquisitrices sont censées me protéger normalement, même si j'ai refusé leur aide plusieurs fois.
Ensuite, si vous voulez vraiment le savoir, je suis avec vous pour m'assurer que vous ne ferez pas de bêtise. Même malencontrueusement. Et vous laisser en Terre d'Ouest est simplement impossible, parce que cela aurait été ma faute si vous convertissiez tout le monde là-bas, pour prendre les rênes du pouvoir et donc lancer une attaque contre les autres Contrées. Je vous ai emmené ici parce qu'ici je sais qu'il y a des gens compétents qui pourront vous traquer si vous essayez de vous enfuir...

Elle n'avait pas mâché ses mots, et c'était le but. Qu'il comprît bien ce qu'elle voulait faire pour lui. Néanmoins, il y avait des questions auxquelles elle n'avait pas répondu. Dans une autre inspiration, elle continua donc :

- Jusqu'à maintenant, vous avez déjà failli libérer votre pouvoir plusieurs fois, je le sais. Je l'ai senti et ma magie m'a prévenue... Et si vous vous êtes contrôlé, je ne suis pas pour autant moins méfiante de ce que vous pouvez me faire. Néanmoins, si vous continuez à sourire, je risque de sympathiser avec vous. Ça ne veut pas dire que je ne me méfierai plus par contre...

Relâchant son souffle prisonnier de ses poumons, elle passa sa paume de main sur l'encolure douce de sa monture, et ferma encore les yeux, tandis que ses pieds continuaient à la porter. Elle avait été claire avec Andrew. Peut-être un peu trop, même. Qu'allait-il dire ? Comment allait-il réagir ? Un mouvement, dans l'extrêmité de son champ de vision, attira son attention, et elle tourna brusquement la tête pour mieux voir. Il y avait une silhouette, un peu plus loin. Ils étaient maintenant à un ou deux kilomètres de la Frontière, donc les suspicions n'atteindraient pas leur paroxysme, et Naïya se détendit imperceptiblement. Plissant les yeux, elle avança vers la personne en question. Fronçant les sourcils, la jeune femme reconnu une longue chevelure, et elle en fut soulagée : une Inquisitrice ! Une ombre de sourire passa sur son visage, tandis qu'elle tournait la tête vers le jeune homme qui était à ses côtés. Comprendrait-il qui était la femme qui arrivait ?

Et bien, Andrew n'en espérait pas autant ! Soit il n'y avait pas plus sincère et ouvert en ces terres que Naïya, soit elle se moquait carrément de lui en faisant semblant de ne rien lui cacher. Toutefois, l'Inquisiteur pensait qu'elle disait vrai puisque certains de ses propos était déjà connus du jeune homme. Sa mère lui avait déjà raconté quelques petites choses sur les Inquisitrices et les Inquisiteurs. C'était juste moins détaillé que ce que lui racontait maintenant la jeune femme. Mais il n'y avait aucune raison pour que comme par hasard, Naïya lui dise la vérité sur ce qu'il savait déjà et ne lui mente sur le reste. Ce serait d'un hasard et d'une chance incroyable qu'elle y parvienne. A moins qu'elle ne lise dans les esprits bien sûr, chose à laquelle Andrew avait déjà songé plusieurs fois mais dont il pensait de plus en plus que ce n'était pas le cas.
Tout comme ses propres dires un peu plus tôt, le discours de la jeune femme était solide et contenait ses arguments qui pouvait expliquer et "excuser" le comportement des gens de ses terres. Mais pourtant, il y avait une faille. Et Andrew l'avait vue !

Cependant, le tout fut très intéressant à écouter et assez instructif. L'Inquisiteur nota soigneusement chaque parole dans son esprit, les analysant au mieux comme il savait si bien le faire.
Cela commença avec une petite leçon d'histoire concernant les Ages Sombres. Sa mère ne lui en avait que vaguement parlé. Le passé était le passé, il ne le concernait pas. Les temps changeaient et évoluaient, rien n'indiquait qu'il allait forcément finir comme ses prédécesseurs. Aussi avait-il été inutile de trop insister sur les histoires d'avant. Sa génitrice avait surtout insisté sur les principes qui avaient tant manqué aux Inquisiteurs, sur leurs défauts qu'Andrew devrait à tout prix éviter. Plusieurs d'entre eux avaient bien été résumés par Naïya. Parmi ceux-ci : l'égoïsme. L'était-il lui aussi ? Il était vrai que jusqu'à maintenant, il n'avait pas vraiment usé de ses pouvoirs pour servir une cause commune. A dire vrai, rien que l'idée comme ça ne l'attirait pas plus, il n'y voyait pas d'intérêt. Quelque part, Naïya avait peut-être raison sur son cas... Mais non ! Pourquoi n'y voyait-il pas d'intérêt ? La réponse était simple : il ne voyait pas pourquoi il aiderait des gens qui l'avaient tant rejetés. Ils ne le méritaient clairement pas, tout comme lui n'avait pas mérité une telle haine sans qu'on lui laisse sa chance.
Naïya ajouta quelques propos presque féministes comme quoi son pouvoir était forcément mauvais pour un homme. On en revenait aux préjugés là, aucun intérêt. Elle parla même d'erreur. Alors c'était ça qu'il était aux yeux du monde ? Une erreur ? Et il devrait payer pour l'erreur d'autres ?
Finalement, vint la faille de Naïya : elle venait d'admettre qu'il pouvait peut-être y avoir une exception selon l'éducation entre autres. Cela ne venait-il donc pas contredire tout ce qu'elle venait de dire avant et tous ces préjugés ? S'il suffisait d'éduquer, les Inquisiteurs étaient comme tout le monde. On pouvait céder au bien comme au mal selon bien des expériences et l'éducation y contribuait pour chaque être vivant. La seule différence avec un Inquisiteur était ses pouvoirs finalement, mais était-ce suffisant pour faire toute la différence ? Andrew était persuadé que non, tout comme sa mère.

Naïya se mit à marcher, le jeune homme suivant aussitôt. Il ne voulait pas perdre une miette de leur conversation. Elle reprit rapidement là où elle s'était arrêtée un peu plus tôt. Cette fois-ci elle parla plutôt des Inquisitrices, très brièvement. Elles étaient, à ce qu'il paraît, censé la protéger, elle. Andrew se demandait bien pourquoi... Sa mère ne lui avait pas parlé d'une chose de ce genre.
S'en suivit le moment de franchise le plus important et direct. Elle lui révéla sans hésiter semblait-il à lui dire pourquoi elle l'avait accompagné. Et vu ce qu'elle venait de dire, Andrew ne doutait pas qu'elle soit sincère. Elle voulait le surveiller ! Elle ne comptait pas le laisser en Terre d'Ouest non plus de peur qu'il ne convertisse tout le monde... Ridicule, que pourrait-il bien faire de tant de gens à son service ? Il s'en moquait éperdument. Inutile de parler de l'assaut aux autres contrées... Il n'usait de son pouvoir que si nécessaire. Bon certes par excès quelques fois sûrement, mais jamais pour son bon plaisir non plus. Si c'était là la définition d'égoïste que Naïya donnait aux Inquisiteurs, Andrew ne se sentait clairement plus concerné. Quant aux quelques dérapages... il travaillait pour mieux se maîtriser.
Elle acheva même toute cette franchise en lui précisant qu'ici on pourrait le traquer s'il tentait de fuir. Des menaces ? Là par contre, ça en devenait trop franc. Andrew n'avait que faire des histoires des peuples de ces contrées, il n'était pas là pour eux. Et il n'était pas recommandé de se placer en travers de sa route. Sans compter que pour le moment, seule cette femme était au courant de sa présence... Ses menaces étaient donc assez dangereuses pour elle-même, Andrew n'hésiterait pas à s'en débarrasser ou à la convertir pour rester tranquille et s'assurer la bonne poursuite de son objectif. Qu'importe la dette qu'il lui devait, il ne la laisserait pas interférer dans ses chances de retrouver Andy !
Puis elle termina avec quelques mots qui étaient sûrement censés se montrer amicaux et rassurant, comme quoi ils ne seraient pas forcés d'être ennemis. Pour ça il devrait... sourire ? Cause perdue alors, Andrew n'y était pas habitué et n'allait pas jouer indéfiniment la comédie juste pour faire plaisir et cette femme ! Puis il ne s'agissait que d'une illusion physique, cela ne représentait rien.
Haussant les épaules sur cette bonne parole, démontrant qu'il n'y prêtait pas d'intérêt, Andrew entreprit de lui répondre à son tour.

"Je n'ai pas à payer pour les erreurs de ceux qui m'ont précédé, ni pour celles de vos Sorciers. C'est tout ce que j'aurais à dire et c'est tout ce que je retiendrais. Quelqu'un qui justifiera son comportement à mon égard par ces arguments ne sera pas excusé en ce qui me concerne. Je sais ce que je vaux, c'est tout ce qui m'importe. Le reste m'est égal, tout ce que je demande c'est qu'on me laisse tranquille. Tout se passera au mieux pour tout le monde ainsi.
Quant à vos raisons pour m'accompagner... je vous avouerais qu'elles ne me plaisent pas particulièrement. Enfin tant que vous ne me gênez pas et que vous n'avez que ça à faire, faites donc ce qui vous plaît. Mais sachez que vos menaces ne m'impressionnent pas et qu'il m'étonnerait que nous ne nous séparions jamais. A vous de voir si vous voulez que ce soit cordialement ou non...
De toute façon je n'espérais pas obtenir votre confiance, tout comme je ne comptais pas vous donner la mienne. Après si vous voulez "sympathiser"... Je ne suis pas sûr d'en être capable."

Cette dernière remarque n'était pas du tout une menace ou autre mauvaise volonté de sa part, son ton le confirmait d'ailleurs. Quoi qu'à s'exprimer toujours avec autant d'indifférence on pouvait se le demander tout de même à juste titre. Il pensait juste sincèrement qu'il n'était pas capable de sympathie avec quelqu'un, il n'y avait jamais été habitué et ce n'était pas les rumeurs qui circulaient sur lui ici qui allaient arranger les choses. De toute façon même si on se montrait gentil avec lui, Andrew doutait de parvenir à faire confiance à quelqu'un un jour. La confiance n'avait aucun sens pour lui, d'où ce qu'il avait dit un peu plus tôt à Naïya. Comment pourrait-il en avoir pour quelqu'un après sa vie d'isolement ? Une solitude qu'il devait à ces mêmes gens à qui il devrait faire confiance maintenant... Impossible. Il avait appris à se débrouiller seul, on n'était jamais mieux servi que par soi-même.
Dès lors, s'il ne pouvait accorder sa confiance, il était normal que ce soit réciproque et que personne ne puisse avoir confiance en lui.

Andrew vit également la jeune femme qui venait vers eux. Mais il s'en moquait éperdument et n'y prêta pas plus attention. Il garderait juste un oeil si elle venait jusqu'à eux. Il se pourrait que ce soit une complice de Naïya, peut-être même l'un de ceux qui pourrait le poursuivre. Mais pour l'instant son existence lui était totalement indifférente.
Il n'y reconnut pas non plus une Inquisitrice. Il n'en savait pas assez sur elles pour les reconnaître du premier coup d'oeil...

Comme tous les matins, le chant des moineaux réveillèrent Nyx. Elle devait absolument partir! Elle ne devait pas rester ici encore plus longtemps, sinon elle allait avoir de gros problème. Elle entreprit donc de mettre son habit de cuir noir avec sa cape et ses bottes, puis fit un sac de choses qui lui serrait utile pour son voyage. Elle courait partout dans sa petite cabane depuis l'aube lorsqu'un craquement de branche l'arrêta d'un coup. Elle tourna la tête dans la direction d'où prevenait le bruit et vit Ach, son ami le tigre.

- Tu te lève tôt aujourd'hui, Nyx!
- Je n'ai pas le choix!
- Pourquoi?
- Une bande de voyou m'ont surpris hier. Ils voulaient me voler mon argent. J'ai utiliser ma magie d'inquisitrice sur l'un d'eux et l'autre s'est enfuit. Il faut que je partes au plus vite.
- Je vais t'aider.
- Mais ta famille!
- Ils vont s'occuper sans moi pendant un long moment. En plus c'est pour une bonne raison.

N'ayant pas le temps de protester encore plus, Nyx acquiessa et continua à se préparé. Fin prête, elle parti dans la forêt. Le soleil commençait à peine à se lever et elle avait beaucoup de chemin à faire. Ach l'aidait souvent, puisque, n'ayant presque jamais été dans cette section de la forêt, elle s'y perdait rapidement. Les rares occasions de pauses qu'ils avaient ne duraient que dix minutes au plus. Ach ne put continuer plus longtemps, il était très épuiser à cause de sa chasse de nuit. Il dut faire demi tour pour aller se reposer. Nyx poursuivit donc son chemin seul.

Elle avait de la difficulté à se repéré. Ça faisait depuis des heures qu'elle appelait ses amis, mais aucun ne venaient. Elle n'avait aucune carte pour se diriger, raison de plus pour penser qu'elle s'était perdu. Au bout d'un moment le sentier qu'elle suivait lui fut étrangement familier. C'était le sentier qu'elle prenait pour aller voir ses amis. Elle le suivit au pas de course jusqu'à ce qu'elle arrive là où elle aurait été supposer voir des cerfs, des brebis, des oiseaux, des chats sauvages et des pandas, malheureusement, tout ce qu'elle y vit fut trois chasseurs cacher derrière des buissons. Sa fureur monta comme une flèche. Elle arriva silencieusement derrière l'un d'eux et lui cassa le coup. Les autres réagir en brandissant leurs épée pour combattre. Nyx utilisa sa magie d'inquisitrice sur le chasseur le plus près d'elle. L'autre chasseur fut tuer d'un seul coup d'épée à la gorge et Nyx tua le dernier des chasseurs. Cependant aucun animal revint. Nyx décida donc de poursuivre son chemin.

Au bout de quelques heures, deux silhouettes se déssinèrent sur sa route. Nyx fit d'abord une pause, vérifiant que ce n'était pas les voyous et reparti lorsqu'elle remarqua qu'ils ne lui prêtaient aucune attention. Elle avança donc le plus furtivement possible, jusqu'à ce qu'elle soit à un mètre des deux personnes. À ce moment là, Rex et Ali, deux bébé cougars, lui sautèrent dessus. Elle tomba à la renverse. Téa, leur mère, accourait déjà pour les rattraper. Lorsqu'elle fut arriver derrière un buisson, Nyx lui fit signe de rester là et de la laisser avec ses petits, lui montrant du doigt les deux humains.

- Nyx vient jouer avec nous, demanda Rex.
- Oui, viens, on a découvert une prairie pour s'amuser ensemble, ajouta Ali.
- Écoutez tous les deux, je ne pourrais pas venir, je dois vraiment partir, retourner avec votre mère et partez.
- Pourquoi, demandèrent Rex et Ali.

Nyx leur pointa du doigt les deux humains. Ils ne voulurent rien savoir d'eux et continuèrent à vouloir jouer avec elle. Téa s'approcha doucement pour prendre Ali, mais celle-ci sauta dans les bras de Nyx. Téa décida de rester avec elle pour passer devant les deux humains sans rien faire parraître, même si voir une humaine passer avec trois cougars sortait de l'ordinaire. Lorsque Nyx releva les yeux sur les deux humains. Un préssentiment de magie familière l'envahit. C'était comme si il y avait de la magie d'inquisitrice autour de l'endroit. Son regard se posa sur la femme, puis sur l'homme. Téa n'arrêtais pas de la pousser dans les jambes, la supliant silencieusement d'avancer.

- Arrête Téa! Tu commences à m'énerver! s'écria Nyx.
- Mais je veux sauver mes enfants! Éloigne-toi d'eux, je veux avoir mes bébés en vie.
- Tu vas les avoir en vie, je t'en donne ma parole, mais laisse moi une minute...

D'un seul coup, elle réalisa qu'elle parlait à un cougars devant les deux étrangers! Ses joues devinrent légèrement rouge. Une idée lui traversa l'esprit. Elle /tait perdu depuis un bon bout de temps et pourrais leur demander le chemin pour aller à Aydindrill. C'était une bonne idée, mais voyager avec des étrangers ne lui serais pas très subtil. Quand même, elle allait pouvoir fuir la frontière de Terre d'ouest.

- C'est qui qui a la magie d'inquisitrice? Ca m'agace se sentiment de magie inquisitrice dans les alentours.

Ces mots avaient sorti malgré elle. Sa curiosité était trop grande, mais de toute manière, ce n'était pas ce qu'elle voulait savoir.

Un sourire passa sur le visage de Naïya lorsque Andrew lui répondit. Elle n'avait jamais dit une telle chose, et si elle avait omis de le dire, elle avait tout à fait pensé. Mais bon, il ne pouvait pas lire dans son esprit, et encore heureux ! Soupirant légèrement, elle l'écouta d'une oreille distraite, parce que la silhouette au loin se découpait sur le fond, avec deux animaux pas très grands... En avançant, les silhouettes se précisèrent, tandis que le jeune homme finissait son petit discours, et la jeune femme put distinguer que les animaux étaient en fait des cougars, et la femme avait de très longs cheveux, attestant de son statut d'Inquisitrice. Soulagée, la jeune femme redressa la tête, montrant elle aussi sa chevelure noire qui claquait dans son dos, avec le léger vent qui était présent. Elle ne l'avait évidemment pas aussi longue que l'Inquisitrice, mais elle était loin de la longueur des femmes de condition normale dans le pays. D'un léger signe de la tête, elle salua l'autre femme, tandis que ses yeux passaient sur les animaux qui la suivaient : deux petits cougars. Fronçant les sourcils, Naïya se demanda comment cela se faisait, mais peut-être étaient-ce simplement des convertis... Non, ils étaient trop jeunes. Mais ils ne semblaient pas agressifs.

Cependant, avant d'arriver à la hauteur de la jeune Inquisitrice, elle prit le temps de réfléchir et de répondre à Andrew, même s'il n'avait absolument rien demandé. Elle voulait dire ce qu'elle en pensait elle aussi. Légèrement troublée par les deux félins non loin, posant sa main sur le pommeau de Vérité , sentant la magie de l'arme présente et monter en elle, sa colère s'éveillant juste assez pour qu'elle la sentît mais pas assez pour lui donner trop d'impulsion. Ses propres dernières paroles repassèrent dans sa tête, tandis qu'elle se disait que sans doute avait-il vu là une manière qu'elle avait de vouloir se rapprocher de lui. Ce n'était pas réellement le cas, étant donné qu'elle se méfiait toujours. Même si elle était plus confiante qu'au début. D'ailleurs, vis-à-vis de ce qu'elle était en train de faire, ce qu'il avait répliqué n'avait pas grand sens. Elle s'en méfiait, c'était normal, mais elle ne cherchait pas à interpréter de manière absolument mauvaise, donc elle ne lui reprochait pas le comportement de ses prédécesseurs. Si cela avait été le cas, d'ailleurs, cela aurait été l'hopital qui se fout de la charité : ses prédécesseurs n'étaient pas forcément de vrais Sourciers, et la magie de l'épée les avait altérés au plus haut point, ils s'en servaient de manière égoïste. Si elle avait été jugée par rapport à eux, elle n'aurait pas parié longtemps sur sa peau...

- Je suis plus concernée que vous semblez vouloir le croire sur le fait d'accuser quelqu'un de ce qu'ont fait ses prédécesseurs. Ensuite, je ne vous ai pas menacé. Je vous ai prévenu. C'est différent, et cela m'étonne que vous ne l'ayez pas compris, fin stratège comme vous semblez l'être...

Un sourire en coin, légèrement moqueur, elle tourna finalement la tête vers la femme qui s'avançait vers eux. Non, plutôt, ils avançaient vers elle. Elle vit alors une silhouette plus massive, près de l'Inquisitrice, une femelle cougar, qui semblait vouloir la pousser. Naïya fronça les sourcils, entendant la femme parler aux animaux, et sourit finalement. C'était certainement une Inquisitrice qui possédait un don avec les animaux, et elle n'en avait pas peur. Elle ne la connaissait pas de vue, mais sans doute son nom lui dirait quelque chose. Ayant grandi à côté du palais des Inquisitrices, avec Narhel, elle connaissait une majorité des noms de ces dernières, même jeunes. S'avançant d'un autre pas, se baissant légèrement vers les animaux, elle lui adressa un sourire, à moitié tranquille et à moitié d'excuse, posant sa main sur l'encolure de son étalon, qui s'agitait d'être aussi proche de ces prédateurs redoutés. Après tout, c'étaient des félidés qui chassaient les chevaux sauvages et les poulains, il avait de quoi avoir peur... Soupirant légèrement, la Sourcière tira sa lame de son fourreau, et la note métallique inimitable monta dans l'air, attestant de la vérité.

- Bonjour, Inquisitrice. Je suis Naïya, le Sourcier.

Elle jeta un regard en coin à Andrew, se demandant comment ce dernier allait réagir...

La rapide réponse de Naïya avant qu'on ne vienne les interrompre ne manqua pas d'amuser le jeune Inquisiteur, qui laissa même s'échapper un petit sourire en coin en réponse à celui moqueur de la femme. De la provocation maintenant, tellement inutile dans son cas. Elle avait semblé être assez observatrice jusqu'à maintenant, elle devrait donc savoir que ce genre de procédés étaient vains avec quelqu'un d'aussi indifférent que lui. A moins qu'elle ne soit pas si observatrice que cela finalement...
Quant à l'excuse de "je vous ai prévenu, pas menacé"... c'était tellement bidon ! Tout le monde se défilait toujours ainsi, et c'était rarement à juste titre. Dans son cas entre autres, la différence entre menaces et prévention était minime, le résultat étant le même, de même que sa façon de le dire. Rien que pour cette dernière, ses propos tenaient plus de la menace que de la prévention. Après si elle ne savait pas s'exprimer correctement pour se faire comprendre, il s'agissait là d'un problème qui ne concernait pas Andrew et qui justifiait une mauvaise compréhension.
Enfin, dans le cas de l'Inquisiteur, sa méfiance naturelle envers tout le monde expliquait également qu'il prenait les choses un peu plus négativement parfois. Il était plus habitué aux menaces qu'autre chose dans ce genre de cas entre autres.
Tandis qu'une opportune se rapprochait d'eux, Naïya se tournant déjà vers elle, Andrew lui glissa rapidement à son tour quelques mots à l'oreille de telle sorte que la nouvelle venue ne puisse les entendre.

"Vous aussi vous me sembliez plus observatrice, vous devriez savoir que ce genre de paroles sont inutiles avec moi. De même que vous auriez dû comprendre que les inconnus m'ont habitué aux menaces, et vous restez une inconnue malgré les quelques propos que nous avons pu échanger pour le moment."

Andrew reporta ensuite son attention sur la nouvelle arrivante, tout comme le faisait Naïya. Il la détailla brièvement, ce qui était déjà une analyse poussée concernant l'Inquisiteur qui avait une sorte de don pour analyser en quelques secondes et sans rien en montrer. En revanche, ne connaissant pas les particularités de chacun, il n'y reconnut pas une Inquisitrice pour autant. Il remarqua en revanche qu'elle était accompagnée de deux couguars, et que vu l'attitude de ceux-ci ils devaient être "amis" avec la femme. Sûrement que la magie présente en ce monde permettait ce genre de choses... Il était certain qu'il n'y avait pas été habitué dans les Terres de l'Ouest.
A peine la nouvelle venue ouvra la bouche qu'Andrew s'en méfiait de plus en plus. Elle avait senti une magie Inquisitrice et demandait directement à qui elle pouvait appartenir.
Naïya répondit la première en se présentant.
A dire vrai, la simple phrase qu'elle sortit fut des plus intéressantes et instructives, même s'il n'y réagit pas physiquement parlant. Déjà, elle lui apprit que l'inconnue était une Inquisitrice. A peine arrivait-il ici qu'il en rencontrait déjà une alors... Voila qui risquait d'être intéressant si celle-ci venait à apprendre ce qu'il était. Toutefois, autant retarder ce moment si possible !
La deuxième chose qui ne manquait pas d'intérêt concernait ce qu'était Naïya. Et bien, elle voulait soi-disant être de bonne foi, lui l'avait d'ailleurs été en avouant être Inquisiteur, mais arrivé là il n'apprenait que grâce à cette inconnue qu'elle était le Sourcier. Comptait-elle seulement le lui dire plus tard ? Elle redescendait dans son estime, si l'on peut dire qu'il en avait eu pour elle. Selon sa définition et ses principes peut-être oui.
Ainsi elle était le Sourcier... Sa mère lui en avait vaguement parlé, entre autres parce qu'en tant qu'Inquisitrice elle était normalement un allié de celui-ci. Quoi que depuis qu'elle avait fui avec son fils, elle n'était peut-être plus vraiment considérée comme tel.
Cela voulait en revanche dire quelque chose : cette Inquisitrice serait donc une alliée de Naïya. En cas de problème, il serait donc seul contre deux. Voire plus vu les animaux...
Les avait-elle convertit d'ailleurs ? Pouvait-on seulement convertir des animaux en fait ? Andrew n'en savait rien pour être honnête... Il n'avait jamais essayé !

Le jeune homme décida d'ignorer royalement la question de l'Inquisitrice, comme si elle avait rêvé et qu'il n'y avait jamais eu d'autre magie Inquisitrice que la sienne. Après tout, elle avait en face d'elle le Sourcier. Et il y avait peu de chance qu'elle comprenne qu'il était un Inquisiteur. Vu le sort réservé à ceux-ci dès la naissance, il n'y avait aucune raison que ce soit la première chose qui vienne à l'esprit de quelqu'un. Techniquement, c'était impossible.
En même temps, pour parfaire un peu l'ignorance, il se calma particulièrement plus que d'habitude pour "dissimuler" au maximum son pouvoir.
Il restait juste Naïya bien sûr, qui pourrait le lui révéler à n'importe quel moment... Ce qu'elle ferait certainement d'ailleurs. Enfin tant pis, il verrait bien. Ca ne coûtait rien de tenter de continuer de le dissimuler pour l'instant. En tous cas si effectivement le Sourcier le dirait à tous ceux qu'ils rencontreraient, il lui faudrait lui fausser compagnie au plus vite. Il ne serait pas tellement bon pour lui que toutes les contrées du milieu soient au courant.

"Bonjour. Moi c'est Andrew."

Bref et vague, elle n'aurait rien de plus de sa part pour le moment.

La femme se présenta sous le nom de Naïya, mais ce qui étonna encore plus Nyx, c'est qu'elle était le sourcier et elle le disait sans aucune crainte. Bien entendu, c'était normale de le dire à une inquisitrice, puisque celle-ci se devait de protéger le sourcier. Brièvement, Nyx fit une analyse de Naïya et de l'homme. C'est à ce moment qu'elle remarqua l'épée de vérité à la hanche de Naïya. Qu'elle ignorante pouvait-elle faire! Ne pas remarquer un détail ainsi aurait pu lui coûter la vie! Quand à l'homme, il portait un ensemble noir. Celui-ci se présenta simplement en disant son nom.

- Boujour sourcier et Andrew. Quand à moi, je suis l'inquisitrice Nyx Chevalier. J'imagine que ma petite *querelle* avec les cougars vous a sûrement surpris...
- Avance! Je veux mes bébés! s'écria soudainement Téa.
- Rex, Ali, partez sinon votre maman va se mettre en colère contre moi si j'avance pas.
- Non! On veut rester avec toi, pleurnichèrent Rex et Ali.
- Je ne peux pas rester avec vous. Je dois partir.

Nyx les déposa tous les deux aux sol et les poussa légèrement vers Téa. Au bout d'un moment ils se décidèrent à suivre leur mère dans la forêt. Nyx se releva et soupira.

- Alors, je peux miraculeusement parler aux animaux je ne sais pas de quel façon et comment c'est arrivé. Tout ce que je sais c'est que je peux les contrôler et leur parler.

Voilà tout était clair. Ainsi, si d'autre animaux venait et qu'elle devait leur parler, elle pourrait le faire ouvertement, sans devoir toujours se cacher. Faut dire que c'était un peu absurde de ne pas savoir pourquoi on pouvait parler aux animaux et même les contrôler, mais c'était tout ce qu'elle savait. En plus, c'était pas de sa faute si elle avait trouver un loup dans la forêt dans sa jeunesse et qu'elle avait commencer à lui parler.

*Une minute*

Était-ce normale qu'elle puisse parler ainsi à des animaux? Bien sûre que non, elle était une inquisitrice! À moins que son père ne fut autre chose qu'un humain sans don. Cependant, il l'aurait peut-être dit à sa mère s'il le savait. Nyx ne s'y attarda cependant pas trop. Elle devait continuer sa route au plus vite.

Une chose lui vint à l'esprit en regardant la route; elle s'en allait vers Terre d'ouest! Elle devait faire demi-tour. Elle était toute perdu, où devait-elle se rendre, elle n'en avait aucune idée, puisque tout ce qu'elle voulait c'était fuir les alentours de Terre d'ouest. Elle pourrait peut-être suivre Andrew et Naïya jusqu'à leur destination. Ça serait une bonne idée, s'ils veulent.

Il y eu cependant un détail qui lui était étrangement familier; Naïya! Ce nom lui rappelait vaguement quelque chose, mais elle n'arrivait pas à s'en rappeler.

- Est-ce qu'on s'est déjà rencontrer quelque part Naïya? Votre nom m'est étrangement familier.

Même si le temps s'écoulait et qu'elle risquait de se faire *surprendre* par les deux voyous, elle s'en moquait. De toute façon, elle pourrait subtilement contrôler un animal pour tuer les deux voyous.

Naïya écouta les mots d'Andrew, mais elle dut avouer qu'il la surprenait. Il pensait réellement ce qu'il disait ? Si elle avait voulu se taire, elle l'aurait fait, c'était simple pourtant. Elle ne lui aurait rien dit. Dans un léger soupir, elle haussa les épaules, montrant qu'elle n'en avait pas grand chose à faire de ce qu'il pensait ou non, en réalité. Elle lui disait ce qu'elle pensait et ressentait, après à lui d'en faire ce qu'il souhaitait, surtout qu'en l'occurrence, non loin de ne pas vouloir faire éclater la vérité, elle ne la détenait pas encore, puisque cela ne faisait que quelques heures qu'elle était avec l'Inquisiteur, et ainsi ne pouvait juger. Comme beaucoup de personnes, elle avait d'abord eu peur, elle s'était méfiée. Ce qui était tout à fait normal, en considérant le passé qu'avaient les Contrées et l'Ancien Monde. Et puis, cela semblait aussi être la manière de penser d'Andrew : d'abord je me méfie, et après, seulement après, si on me montre que je peux faire un peu plus confiance, alors seulement je ferai des efforts. Enfin, c'était ce qu'elle pensait qu'il pensait. Après, elle n'était pas dans sa tête, c'était une évidence.

Soupirant légèrement, elle fronça les sourcils lorsqu'il donna immédiatement son prénom, et finalement sourit tranquillement. Si elle ne comprenait pas grand chose à sa manière d'être et de faire, elle ne pouvait qu'être contente qu'il ne cherchât pas les complications en ne répondant pas à l'Inquisitrice qui se tenait en face de lui. D'ailleurs, malgré son visage absolument impassible, Naïya était certaine qu'il n'avait jamais rencontré l'Inquisitrice en face de lui. Puis, la jeune femme aux longs cheveux se présenta comme étant Nyx Chevalier, un nom qui dit quelque chose à Naïya, évidemment. Non, elle ne connaissait pas toutes les Inquisitrices, et elles étaient beaucoup, c'était normal, mais ayant grandi dans la Forteresse du Sorcier, à deux pas du Palais des Inquisitrices, elle en avait souvent croisées, même si elle n'était pas encore nommée Sourcier. Se passant la langue sur les lèvres, la jeune Sourcière hocha la tête pour signifier qu'elle avait compris, avant que la femme n'émît un son guttural qui ressemblait au grognement des petits cougars à ses pieds. Les animaux répondirent immédiatement, alors qu'elle les posait à terre, et finirent par s'en aller.

A dire vrai, plus rien n'étonnait Naïya. Ce n'était pas de l'étonnement, mais plutôt de l'émerveillement. La magie faisait tant de choses, elle n'en revenait pas ! Elle-même n'avait aucun don, juste un Han, normal, qu'elle ne pouvait pas saisir, même si la magie de l'Epée de Vérité l'animait bien souvent, pour pouvoir entrer en elle. Après les années passées avec l'arme à son côté, elle avait commencé à comprendre comment elle fonctionnait. Certes, elle avait sa propre magie, une magie dont elle avait été dotée par les premiers et les plus puissants Sorciers, qui l'avaient créée. Mais cette magie-là prenait sa source dans la colère de la jeune fille, sa porteuse. Et elle ne pouvait la transmettre à Naïya que parce qu'elle avait une étincelle de Don. Son père lui avait expliqué que tout le monde avait une étincelle de Don en soi, et que seules quelques personnes par génération naissaient sans aucun don. Ainsi, s'ils ne voyaient pas la magie et qu'elle n'avait aucun effet direct sur eux, ils étaient comme aveuglés de cette dernière. Mais elle avait un certain Han, et c'était grâce à lui, aussi minime fût-il, que l'Epée pouvait lui transmettre sa magie et la rendre plus forte, à écouter les voix des anciens Sourciers qui l'avaient maniée.

Sortant de sa torpeur lorsque Nyx lui demanda si elles s'étaient déjà vues quelque part, la jeune femme hocha doucement la tête, prenant le pommeau de son épée entre ses doigts doucement, la faisant sortir d'un tiers de sa gaine, avant de la laisser y reprendre place. Lançant un regard à Andrew, un regard qui voulait à la fois dire " tu es si observateur que cela, dis-donc ? " et " tant que je te touche qu'avec l'épée, il ne m'arrivera rien ", elle sourit doucement, sans arrière pensé, finalement. Après tout, elle vivait, il vivait, et l'inquisitrice aussi. Personne n'était à la merci de personne, et chacun avait une chance de s'en sortir à sa manière, selon ses propres règles. Soupirant doucement, elle se remit face à la jeune femme aux longs cheveux épais et lui répondit d'une voix tranquille, calme, thrille, comme elle l'était habituellement :

- J'ai grandi dans la Forteresse du Sorcier, Inquisitrice Nyx, et je me rendais souvent dans votre Palais. Sans doute cela vient-il de là.

Spoiler:

La nouvelle venue confirma les dires de Naïya comme quoi elle était Inquisitrice. Au moins c'était officiel maintenant. Andrew se demandait comment Naïya avait pu le savoir de simple visu. Manifestement, elles ne se connaissaient pas plus que cela pour en venir à se présenter entre elles comme elles le faisaient. Et la magie Inquisitrice ne se ressentait pas si facilement. Lui n'avait rien senti par exemple, il doutait d'ailleurs que ce soit possible entre Inquisitrices. Il n'avait jamais senti celles de sa mère et de sa jumelle par exemple. Un Sourcier en revanche, ça avait sûrement un moyen ou un autre de la ressentir, du moins il fallait le croire puisque Naïya avait vu juste pour lui. Et encore, la jeune femme n'avait-elle pas mis du temps avant de se douter qu'il était lui-même un Inquisiteur après tout ? Or là, directement elle sut à qui elle avait affaire avec Nyx... Il devait donc y avoir un signe physique trahissant sa fonction, c'était le plus logique.
Andrew voyait deux types de signes possible, mais il ne savait pas lequel était le bon. Sans compter que l'erreur était possible et que c'était peut-être même tout autre chose en réalité. Selon lui, le signe était soit propre aux femmes (après tout il n'y avait pas d'Inquisiteur mâle techniquement), soit propre aux Contrées du Milieu. Dans les deux cas cela ne le dérangerait donc pas de toute façon. En effet, s'il était propre aux femmes, il n'était pas concerné en temps qu'homme. Et il en allait de même si c'était propre à ces terres puisqu'il venait de Terres d'Ouest. Nyx ne semblait pas avoir découvert ce qu'il était d'ailleurs, ce qui tendait à prouver qu'il ne risquait par d'être reconnu par son simple physique. Quant à Naïya... et bien cela laissait supposer qu'elle avait sûrement un autre moyen de savoir. Elle lui donna même un petit indice lorsqu'elle mit la main à son épée. Andrew y distingua le mot "vérité" gravé dessus. Le Sourcier de Vérité... Une vague histoire sur une Epée de Vérité lui revint alors brièvement en tête. Il s'agissait sûrement de cette épée là. Il ne savait en revanche rien de cette arme, même pas si elle disposait de propriétés magiques ou spéciales. Probablement que oui toutefois pour qu'elle semble être particulière et surtout destinée à une personne précise, à savoir le Sourcier...
S'il avait su, l'Inquisiteur aurait prêté plus d'attention et se serait montré plus curieux sur ces histoires à l'époque où sa mère les lui racontait. Mais c'était sans compter qu'il ne pensait pas un jour être obligé de traverser cette satanée Frontière pour se retrouver dans ces maudites contrées...

Ignorant royalement l'attitude de Naïya à son égard, Andrew se concentra plutôt sur les propos de l'Inquisitrice. Nyx Chevalier... Ca ne lui disait rien. D'un autre côté, sa mère ne lui avait jamais parlé des siennes, rien d'anormal donc. Là aussi s'il avait su... ça aurait pu être utile d'avoir les noms de personnes à éviter ! Elle leur précisa par la suite qu'elle avait un autre don, celui-ci concernant les animaux. Elle pouvait leur parler et, surtout, les contrôler... Intéressant, mais malheureusement vu sa façon d'en parler, cela ne semblait pas lié à son pouvoir d'Inquisitrice. En somme Andrew n'en serait certainement pas capable. Dommage, ça aurait pu être utile de défouler son pouvoir sur des animaux plutôt que sur des humains. Dommage pour ces derniers surtout en fait... Quoi qu'en y réfléchissant bien, il lui suffirait de convertir Nyx pour avoir ce pouvoir, de façon indirecte. Hm... tien, pouvait-il seulement convertir une Inquisitrice ? Etait-ce possible qu'ils puissent se convertir entre eux ? Ou alors seulement l'un des deux sexes sur l'autre ? Encore des questions qu'il n'aura jamais posé à sa mère et auxquelles celle-ci n'aura jamais trouvé bon de lui répondre d'elle-même. Elle espérait sûrement qu'il n'ait jamais à se poser cette question, que jamais il ne se retrouverait dans ces contrées... et évidemment qu'il ne tenterait pas de retourner son pouvoir contre sa propre famille, les deux seules Inquisitrices des Terres d'Ouest ! Décidément, passer d'un monde sans magie (du moins autre que la sienne) à un monde qui en était rempli était bien délicat, et il valait mieux y être bien préparé. Ce qui malheureusement n'était pas le cas du jeune homme...
A dire vrai, Andrew se sentait tellement ignorant qu'il préférait garder le silence et continuer d'exercer ce qu'il savait faire de mieux : observer sans un mot. Parfois, les réponses implicites étaient bien plus riches qu'une réponse à une question directement posée. Souvent même en fait... Les gens avaient la fâcheuse tendance à se méfier quand on les questionnait, tandis qu'ils étaient généralement moins sur leurs gardes face à un désintérêt apparent.

Bref. Nyx finit par faire une remarque que l'Inquisiteur trouvait étrange : le nom de Naïya lui semblait familier. N'était-ce pas normal entre un Sourcier et une Inquisitrice ? Andrew les croyait proches d'après ce qu'il avait compris, c'était l'une des rares choses qu'il savait vraiment sur ce qui composait ce monde. Selon lui, il aurait été plus logique qu'elle fasse la remarque inverse au pire : son nom ne lui disait rien alors qu'elle était le Sourcier. Mais là... il n'aurait su dire s'il trouvait la réflexion absurde ou si autre chose lui échappait, un détail dont sa mère ne l'aurait pas informé. A moins que les choses n'aient changé et qu'une Inquisitrice ne connaissait pas forcément le Sourcier ni même son nom. Ou encore les Inquisitrices étaient-elles bien plus nombreuses qu'il ne le pensait, ce qui pourrait expliquer ce genre de situation où l'une d'elles ne connaîtrait pas le Sourcier. C'était vrai ça d'ailleurs en fait, combien d'Inquisitrices pouvaient bien peupler ces terres ? Le moins possible ne serait certainement pas du luxe au goût d'Andrew...
Continuant d'observer, d'analyser et de tenter vainement de conclure un minimum, l'Inquisiteur restait impassible et silencieux pendant que les deux femmes s'entretenaient. Il nota cependant du coin de l'oeil un léger mouvement lointain, à l'horizon. De leur position, on ne voyait pas clairement de quoi il s'agissait. Manifestement, les silhouettes ne pouvaient appartenir qu'à des créatures vivantes puisqu'elles se déplaçaient, et très probablement à des hommes ou des femmes bien bâties vu la carrure. Il n'était cependant pas possible de dire de combien de membres pouvait se composer ce groupe. Groupe car il y en avait plusieurs à n'en pas douter, mais s'ils n'étaient pas tous côte à côte il était impossible de les compter avec précision.

Spoiler:

Alors Naïya avait vécu près de la forteresse du sorcier et venait souvent au palais des inquisitrices! Elle en prit note tandis qu'elle y était et comme elle le faisait toujours. De toute manière, elle n'avait pas à chercher si c'était un mensonge puisqu'elle était le sourcier de vérité. Sur ce fait, un souvenir refit surface dans sa mémoire;

C'était la saison chaude au palais des inquisitrices, mais Nyx s'en fichait éperdument. Tout ce qu'elle voulait c'était continuer à s'amuser avec ses nouveaux amis; les animaux. Elles s'étaient allié d'amitié avec plusieurs oiseaux, des cerfs et des chats, n'ayant pas encore trouver de loup capable d'être sympathique. Cela faisait un bon bout de temps que Nyx entendait la voix de sa mère l'appeler au loin, mais elle ne voulait pas revenir. Elle était bien dans ce monde de paix et d'harmonie avec les animaux. Elle savait que si elle revenait vers sa mère, cette dernière la sermonerait pour son retard à l'ordre. Rufus, le majestueux aigle essayais de la convaincre d'aller rejoindre sa mère, mais chaque fois Nyx sortait un argument qui le faisait changer d'idée. Cependant, au bout d'un moment, Rufus réussit à la faire changer d'idée et d'aller rejoindre sa mère. L'endroit où elle se trouvais en ce moment était assez éloigné du palais et il y avait souvent plusieurs jeunes qui venaient si balader. Nyx avait désormais 15 ans et ce qu'elle allait vivre était son premier amour. Elle s'en allais pour partir lorsqu'un craquement de branche lui fit peur. Elle se retourna pour voir un beau jeune homme caché derrière un arbre. Les joues toute cramoisie par la gêne, Nyx l'avait regarder sortir de sa cachette et venir à sa rencontre. Il se présenta sous le nom de Trevis. Elle était paralyser, elle balbutia son nom sans s'en rendre compte. Trevis sourit et ils passèrent un long moment à parler. Pendant plus d'un mois, elle passa ses temps libre avec lui dans la forêt. Ses amis les espionnants pour voir comment allait leur relation. Plus de deux mois après leur rencontre, Trevis l'embrassa. Nyx a essayer de l'en empêcher, mais dès que ses lèvres touchèrent les siennes, son pouvoir se déchaina. Trevis devint sous son contrôle. En revenant au palais, sa mère la sermona pendant longtemps et pour toute punition, Nyx ne put retourner dehors pendant une année entière, voyant la lumière du jour que par les fenêtres de sa chambre.

À ce souvenir, ses yeux devinrent humide. Elle baissa la tête et s'empressa de reprendre contrôle d'elle-même. Perdu dans ses pensées, elle n'avait pas vu que le temps avait été lent, mais assez rapide pour elle. Elle remarqua une affaire; Andrew était rester silencieux durant tout le temps. Il avait rien peut-être rien à dire quand à ce que j'étais. Mais ça lui importait peu. Des bruits de pas la firent se retourner. Lorsqu'elle reconnu les visages des hommes qui l'avaient malancontreusement rencontré dans la forêt la veille, Nyx se rendit compte combien le temps lui avait glissé des dois et combien il fallait qu'elle fuit. Cette fois-ci, ils n'étaient pas trois, mais sept. Nyx lanca un sifflement strident. Les hommes s'approchait de plus en plus.

- Si ça vous dérange pas, on pourrais partir maintenant. Et quand je dit partir, c'est au triple galop. Les hommes que vous voyez derrière moi savent ce que je suis par une malancontreuse rencontre la veille et veulle ma mort.

Elle avait tout dit rapidement et d'une voix grimpant dans les aigu. Elle n'avait pas peur, elle voulait juste rester en vie. Lorsqu'elle eu fini de parler, une magnifique jument alezanne avec le haut de son corps était noir et les pattes, le ventre et la tête, des orreiles au museau blanc, sortait de la forêt. Elle monta précipitamment sur son dos même sans scelle. La jument, qu'elle avait nommé Fugia, était prête à s'élancer au grand galop, mais par politesse, Nyx attendait Andrew et Naïya.

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