Une rencontre des plus... Inatendue...

Comme depuis déjà quelques années, à chaque semaine, mes supérieurs de la forteresse m'avaient envoyés en mission pour aller voir si les peuples mineurs des immensités sauvages avaient besoin de quelque chose, comme par exemple une Inquisitrice, un ambassadeur, ou bien de l'aide à cause d'un plus grand peuple qui les aurait attaqués ou qui leur aurait fait un siège. À chacune de mes visites, je revenais toujours avec les mêmes nouvelles, soit : "Nous n'avons besoin d'aide de personnes, et encore moins des sorciers d'Aydindrill." À chaque fois que je me faisais répondre des choses de ce genre, cela me donnait l'impression de ne servir à rien et que le peuple croyait que les sorciers ne sont qu'une grosse merde gênante dont il faut se débarrasser le plus vite possible.

Mais j'y allais toujours avec une expression neutre, afin que les petits peuples ne pensent pas que je les considère comme des moins que rien qui ne servent strictement à rien mis à part me gêner.. Je faisait toujours mon devoir comme il le fallait et avec la plus grande courtoisie dont j'étais capable malgré les réponses négatives et irrespectueuses de la populace. En fait, le peuple qui m'envoyait le plus "promener" était sans doute le peuple d'Adobe... Ils avaient beau être le peuple le plus pacifique, ils ne demandaient jamais d'aide à personne et refusaient toute offre.

Mais, au moins, je n'étais pas obligé d'y aller avec ces affreuses robes de sorcier..! J'avais l'air d'un parfait citoyen qui marchait tout seul et sans arme dans les immensités sauvages. Cependant, grâce à l'essence de mon Don, je pouvais aller d'un village à un autre en une fraction de seconde. Parfois, je marchais afin d'aller à quelques villages proches l'un de l'autre. Ça me dégourdissais les jambes, puisque, dans la forteresse, je restais toujours soit debout très longtemps sans bouger, soit assis durant plusieurs heures à lire de vieux grimoires de divers sujets.

J'en étais maintenant à mon cinquième (5eme) peuple de fait. Il ne m'en restait plus que quelques uns à faire, ensuite je retournerai à la forteresse afin de donner mon rapport au premier sorcier. Jusqu'à maintenant, cette semaine n'était aucunement différente des autres. Je marchais présentement en direction du nord-ouest, en direction de Tamarang. Je vis un pommier sur mon passage. Je regarda dans le ciel, il était environ 12h. Parfait! Il était l'heure du diner. Je ramassa trois (3) pommes et m'assis adossé à l'ombre du pommier. L'air était fraiche et il faisait chaud. Mais il était vrai que nous étions en plein milieu du mois de Juillet. Quand j'eus terminé mon casse-croute, je me remis en route. Une mouche vint alors me piquer. Je l'écrasa avec ma main. Puis, proche d'une petite foret à ma gauche, je sentis une présence. Il s'agissait d'un Garn. Apparemment, il m'avait repéré et voulait me dévoré pour son diner. He bien qu'il vienne! Je fis exprès de m'approcher du boisé. Il apprendra à me prendre pour une proie.

Une fois que je fus assez proche de lui, le Garn me sauta dessus. Malheureusement pour lui, je n'étais pas une proie. Sa patte griffue s'arrêta à quelques pouces de ma tête. Je vis alors qu'il s'agissait d'un Garn à queue courte. Il avait beau être plus intelligent et plus dangereux que son cousin à queue longue, un Garn reste un Garn. Il avait l'air furieux de ne pas pouvoir m'atteindre. Alors que j'allais l'envoyer plus loin dans les immensités sauvages, j'entendis une sorte de pleure. Je tourna la tête vers la foret, le Garn fit de même, mais avec de l'inquiétude dans le regard. Ou plutôt LA Garn..! He bien, j'avais attrapé une mère... Le petit Garn était vraiment affreux. La mère se débattait maintenant avec plus d'ardeur. Mais, malheureusement pour elle, ça ne marchera pas avec moi. Je leva une main vers le petit, le fis léviter et le dirigea vers sa mère. Au début, celle-ci avait l'air affolée, mais elle s'était calmée lorsque son gosse l'eut rejoint. Je fis un scan du petit boisé pour savoir s'il n'y en aurait pas d'autres.

Comme il n'y avait aucune autre présence de Garn, je me retourna vers la petite famille et les téléporta à l'autre bout de l'immensité sauvage. Je repris alors ma route vers Tamarang.

Il était midi passé lorsque Saryah fit une halte afin de restaurer. La jeune femme trouva un arbre isolé qui projetait assez d'ombre pour la protéger du soleil brûlant et s'installa le plus confortablement possible sur le sol de terre séchée. Poussant un soupir, elle ouvrit son sac de toile, fouilla à l'intérieur et en sortit un paquet enveloppé d'une serviette brodée - un souvenir de sa défunte mère. Elle replongea sa main une seconde fois et trouva un sachet fait en tissu ; son dîner était complet. Saryah déballa le tout et se mit à manger ce qui lui restait des provisions faites quelques jours plus tard dans un petit village au Sud de Tamarang - de la viande séchée et de petites baies jaunes sucrées. C'était certes un repas peu digne d'une Mère Inquisitrice, leur avaient dit les villageois, mais cela lui procurerait assez de forces pour tenir le coup jusqu'au repas suivant, composé d'à peu près des mêmes produits. Avec un sourire, la jeune femme leur avait assuré que ces mets lui convenaient à merveille.

En effet, la Mère Inquisitrice était sur les routes depuis près de six mois et elle avait appris à vivre telle une nomade. Elle savait allumer un feu, chasser les lapins ou autres petits rongeurs et les préparer, trouver des baies comestibles et de l'eau potable, ainsi que se repérer grâce aux étoiles ou au relief particulier des Contrées du Milieu qu'elle avait si souvent parcourues avec ses sœurs. Oui, Saryah était loin d'être démunie dans cet environnement nouveau. Elle avait peut-être un peu maigri depuis son départ mais cela lui importait peu ; justement, elle prenait en muscles et en endurance et le soleil contribuait à haler sa peau habituellement pâle. Une véritable expédition de remise en forme ! Mais la jeune femme savait que bien des dangers l'attendaient sur les routes. N'ayant jamais été seule lorsqu'elle partait en mission, elle était constamment sur ses gardes et dormait camouflée sous les racines d'arbres bas ou dans un pin-compagnon lorsqu'elle en trouvait un. Elle savait se battre avec sa dague et son couteau de chasse mais il fallait avouer qu'elle n'avait pratiquement jamais combattu en conditions réelles. Et cela lui donnait des frissons dans le dos.

Une fois son maigre mais non pas moins délicieux repas, Saryah reprit la route vers le Nord, vers la charmante ville de Tamarang. A l'Ouest, la courbe du Fleuve Callisidrin dessinait un ruban argenté, scintillant sous le chaud soleil de juillet. Résistant à l'envie d'y courir pour se rafraîchir, la jeune femme continua son chemin, sa robe blanche flottant derrière elle lorsqu'un bourrasque de vent la frappait. Au début, elle n'avait pas eu envie de porter le signe distinctif de son rang mais les autres vêtements ne lui convenant pas, elle avait dû se faire à l'idée de voyager en robe blanche. Au cas où, une amie à elle lui avait préparé une robe de rechange, qui était de couleur vert forêt. Neuve, Saryah n'osait pas la porter, de peur de l'abîmer - elle était très belle. Et puis, au moins, on la reconnaissait et elle pouvait obtenir des informations facilement grâce à la robe blanche !

En repensant aux informations qu'elle cherchait, la jeune femme serra les poings et regarda devant elle. Une forêt s'étendait là, et la ville était juste derrière. Il lui fallait la traverser. Bien que cette idée la répugne, Saryah approcha rapidement de la masse verte et sombre. Dans l'air, des mouches voletaient en masse. Pas méfiante, elle en laissa une se poser sur son bras. Une légère douleur l'atteignit alors ; elle secoua le bras pour faire partir le parasite et constata que du sang coulait d'une piqûre. Ses yeux se firent comme des soucoupes quand elle comprit qu'il s'agit d'horribles mouches à sang ! Se mordant la lèvre, la Mère Inquisitrice regarda sur sa gauche, où elle avait repéré du mouvement. Cachée par un buisson épineux, elle observa ce qui se déroulait à la lisière de la forêt. Un Garn à queue courte et un homme se tenaient là et ne bougeaient pas. La jeune femme comprit que l'homme était un sorcier et qu'il avait neutralisé le monstre. Devait-elle rester planter là ou bien irait-elle porter secours à cet homme, si tant qu'il en ait besoin ?

Avant d'avoir pu répondre mentalement à sa question, un deuxième Garn fit son apparition. Un frisson parcourut l'échine de Saryah mais elle s'alarmait pour rien : il s'agissait du petit du monstre. Le sorcier le fit léviter jusqu'à sa mère et les fit disparaître elle-ne-savait-où. Il reprit sa route, ignorant que la Mère Inquisitrice se trouvait à quelques mètres de lui. Celle-ci le regarda marcher entre les arbres serrés et lui emboîta le pas. Si d'autres monstres traînaient dans les parages, peut-être valait-il mieux de suivre le sorcier ? Mais devait-elle se montrer ou bien rester à l'arrière ? Car bien que cet homme avait usé de la magie, qu'était-il capable d'autre ? Il ne portait pas ses habits habituels et elle ne l'avait pas croisé dans le Forteresse. Enfin, elle ne connaissait pas le quart des sorciers à Aydindril...

*Crac*

Une des particularités de la Mère Inquisitrice était qu'elle avait un défaut gênant : rêveuse, elle pensait beaucoup et cela lui causait parfois des soucis. Comme à cet instant où ne regardant pas où elle mettait les pieds, l'un d'eux se prit dans une racine surélevée. La suite, vous la devinez ! Saryah s'étala de tout son long sur un tapis de brindilles qui firent du bruit. Aussi discret qu'une bombe ! Jurant entre ses dents, la jeune femme se releva rapidement et épousseta sa robe blanche, plus très blanche. Bien entendu, le sorcier l'avait entendue - peut-être même d'autres créatures. Elle passa sa langue sur ses lèvres.

« Bonjour, sorcier ! Quel est ton nom ? »

J'étais déjà perdu dans mes pensées, rêvant que les sorciers de la forteresse m'avaient donnés un congé pour que je puisse prendre un peu de vacances, grâce à mes loyaux services. Mais, bien entendu, tout ceci n'était qu'un rêve. Alors que je m'étais remis en route, j'entendis du bruit. Quelque chose venait de tomber sur ce qui semblait être, d'après le bruit, un lit de brindilles. Cela devait être un animal quelconque qui voulait chasser et qui s'était prit les pattes dans une racine ou autre chose. Je me retourna et vit la Mère Inquisitrice, en train de se relever.

« Bonjour, sorcier! Quel est ton nom? »

Aussitôt, je m'inclina respectueusement. Mais que pouvait bien faire la mère inquisitrice en ces lieux? Ce n'était vraiment pas adéquat pour son rang. De plus, sa somptueuse robe blanche était toute tachée.

"Bonjour Mère Inquisitrice..! Je me nomme Bardan Elric. "

Je me redressa. Elle était jolie. Elle n'avait vraiment rien à faire ici... Mais, si elle était là, c'était qu'il y avait probablement une très bonne raison. Après tout, elle était la représentation physique de la loi dans les Contrées du Milieu. Elle était probablement en voyage diplomatique ou autre chose du genre. De toute façon, moi, la diplomatie, ça me dépassais largement..! Je n'y connaissais rien, et je ne voulais rien savoir, de toute façon..! Je m'approcha un peu d'elle et décida d'analyser les alentours afin d'être sûre que la Mère Inquisitrice ne risquait rien. Comme je ne sentis rien de dangereux, je m'approcha encore un peu d'elle.

"Je suis un sorcier du premier Ordre de la Forteresse du sorcier à Aydindrill. Permettez-moi de poser cette question, Mère Inquisitrice : Que faîtes-vous dans ces bois, éloignés de votre palais? "

La première fois que je l'avais vue, c'était le jour où j'étais entré comme apprentie dans la forteresse. Elle ne m'avait probablement même pas aperçut, puisqu'elle avait semblé très occupée à parler à d'autres sorciers bien plus âgés que moi. J'avais environ 19 ans la deuxième et dernière fois que je l'avais vue. Encore une fois, elle avait était trop occupée pour m'avoir remarqué. Sinon, elle se serait souvenue de moi. En fait, je ne me rappelais pas s'il s'agissait de la même Inquisitrice. Mes souvenirs étaient un peu flous. Après tout, il m'en étaient arrivés des choses en quatre ans..!

Elle aura probablement besoin d'une escorte pour aller où elle voulait aller. He bien..! On dirait que ma petite journée de tranquillité était gâchée... Mais, au moins, c'était toujours plus passionnant de voyager avec quelqu'un que tout seul. De plus, je pourrai revenir plus tard à la forteresse..! Mes supérieurs ne pourrons rien dire, puisque j'aurai emporté la Mère Inquisitrice avec moi. J'attendis donc sa réponse.

C'était une situation quelque peu embarrassante. La Mère Inquisitrice devait se montrer royale, tel que son rang l'exigeait. Là, elle venait de se faire voir en train de se relever, empêtrée dans les branches qui jonchaient le sol, sa belle robe blanche tâchée. On ne pouvait pas dire que ce genre de vision était donné à tout le monde. Enfin, il ne fallait pas s'en faire pour si peu. Reprenant rapidement contenance, Saryah releva la tête et reprit l'air qui seyait à son rang, laissant cependant son visage exprimer son amusement. Elle s'adressa alors au sorcier qui s'était retourné, alerté par le bruit de sa chute.

« Bonjour, sorcier ! Quel est ton nom ? »

Avant de se présenter, le jeune homme s'inclina devant elle, comme le faisait bien trop souvent les autres sorciers du Palais. C'était le protocole, certes, mais à force de le voir se répéter seconde après seconde, la Mère Inquisitrice trouvait que cela devenait ridicule. Elle ne pouvait cependant rien contre cette manie, c'était dans leurs gènes.

« Bonjour Mère Inquisitrice..! Je me nomme Bardan Elric. Je suis un sorcier du premier Ordre de la Forteresse du sorcier à Aydindrill. »

Ce nom lui était inconnu. En même temps, elle ne connaissait que le nom de son sorcier, et des autres qui protégeaient ses sœurs. Saryah inclina la tête en signe de respect et de salut. Elle le regarda s'approcher doucement, les sens en alerte, sûrement pour vérifier que les alentours étaient sans danger. Avec le Garn quelques minutes plus tôt, mieux valait se montrer prudent ; et ce n'était certainement pas la chute de la jeune femme qui les mettrait hors de danger. Mais apparemment, le périmètre était sécurisé. Du moins, pour le moment.

« Permettez-moi de poser cette question, Mère Inquisitrice : Que faîtes-vous dans ces bois, éloignés de votre palais ? »

C'était une question que tout sorcier en Aydindrill se poserait en voyant la Mère Inquisitrice seule, sans son protecteur, au milieu des bois. Tous ceux qui étaient restés au Palais étaient au courant de la quête de Saryah. Bardan devait être sur les routes depuis longtemps ou alors il n'écoutait pas les commérages et autres proclamations officielles. Prenant une brindille qui s'était accrochée à sa robe, la jeune femme la jeta derrière elle et sourit au sorcier, qui attendait sa réponse.

« Eh bien, Bardan Elric, il se fait que j'ai quitté Aydindrill afin de voir d'autres horizons... »

Connaître des aventures comme les banals voyageurs, voir le monde sous un nouvel angle et par dessus tout, récolter des informations sur son géniteur, que l'on prétendait être un ancien sorcier du Premier Ordre. Son protecteur le lui avait confié mais trouvait que son entreprise était vouée à l'échec. Mais têtue et pleine d'espoir et de vie, Saryah était tout de même partie. A présent, cela faisait plusieurs mois qu'elle foulait le sol des Contrées du Milieu, marchant à son rythme, visitant les moindres parcelles de terre, et recherchant dans tous les villages des informations...

« Tu es en mission ou tu voyages seul comme moi ? »

Rehaussant son sac sur son épaule, la jeune femme écrasa un insecte - pas de mouche à sang, heureusement - qui tentait de grimper sur son pied. Un bruit suspect vint alors troubler l'attente de la réponse... Le bruit des feuillages agités par le vent, ou bien ?

Durant le temps que la mère inquisitrice me parlait, il y eut du bruit dans les bois. Un Garn? Non, c'était impossible, car j'avais scanné la forêt pour savoir s'il y en avait ou non, et je n'en avais détecté aucun. Mais alors que j'allais dire à la mère inquisitrice qu'il faudrait peut-être y aller, je reçus une fléchette dans le cou. Par réflexe je voulus utiliser mes pouvoirs, mais rien ne se passa. Puis tout d'un coup, je me sentis tout bizarre et ma vision devint embrouillée.

Mais que--?

Puis je m'effondra sur le sol. Je ne pouvais plus du tout contrôler mon corps, je ne pouvais plus parler, mais je pouvais toujours voir. Je vis des formes humanoïdes approcher de la mère inquisitrice et je ne pouvais rien y faire!! Je ne pouvais plus utiliser mes pouvoirs à un moment aussi critique!! Si jamais il arrivait malheur à la mère inquisitrice et que les sorciers de la forteresse l'apprenait, j'étais réellement un homme mort..! Je voulus utiliser de nouveau mes pouvoirs, mais rien ne se produisit, tout comme juste avant de m'effondrer. De plus, mon corps ne voulait toujours pas m'obéir. Il ne me restait plus qu'à tout regarder. Espérons au moins qu'ils sont "dociles" et qu'ils nous tuerons vite fait et sans souffrance.

Hrp : j'ai réellement manqué d'inspiration pour ce post désolé ^^"

Tout se passa très vite. Le bruit qu'avait entendu la Mère Inquisitrice n'inquiétait pas cette dernière. Après tout, elle était accompagnée d'un sorcier, il serait donc en mesure de la protéger. Mais ce qu'elle avait pris pour un frottement de feuilles contre d'autres était tout autre. D'abord, Bardan reçu une fléchette dans son cou. Il sembla devenir contrarié et s'effondra sur le sol, comme s'il avait été paralysé. Pourquoi n'utilisait-il pas ses pouvoirs ? Saryah comprit que la fléchette fichée dans sa chair devait contenir un quelconque poison. Des ombres sur les côtés attirèrent subitement son attention. Ouvrant grand les yeux, elle les regarda et réprima un frisson. Qu'étaient ces choses ?

Ne désirant pas le savoir, la jeune femme attrapa le bras du sorcier à terre et le tira loin de ces créatures. Enfin, ce que l'on pouvait appeler "loin" n'était en réalité que quelques mètres. Il pesait lourd pour la Mère Inquisitrice et étant privé de tout mouvement, il ne pouvait pas l'aider à avancer plus que cela. Les formes humanoïdes n'avaient pas bougé, pourtant. Seules quatre d'entre elles se détachèrent et s'approchèrent d'eux. Sentant que son pouvoir ne pouvait rien contre ça, Saryah empoigna une branche dure, longue d'environ un mètre, et la brandit devant elle. Elle recula à l'approche des ombres, laissant le sorcier sans défense. Au moins, les ennemis n'étaient pas attirés par lui, il serait sauf et peut-être que le poison ou la chose qui l'avait paralysé se dissiperait rapidement.

Mais les ombres s'approchaient encore de Saryah qui, n'écoutant que son courage, malgré ses mains tremblantes, fouetta l'air avec sa branche, réduisant les ennemis en fumée. Elles s'évaporèrent, comme si le vent les avait soufflées. Leurs camarades plus loin disparurent à leur tour, ne laissant aucune trace. Intriguée, la jeune femme resta quelques secondes inerte, le branche brandie devant elle. Se ressaisissant, elle baissa son arme de fortune et se pencha sur le sorcier. Il la regardait mais ne pouvait pas parler, ni bouger. Ne voulant pas rester là à attendre d'autres ombres, la Mère Inquisitrice prit à nouveau le bras de son compagnon de route et avança tant bien que mal parmi les feuilles et les arbres de la forêt. Il fallait sortir et se mettre dans un endroit sûr, afin d'attendre la guérison de Bardan, si elle était possible.

« Je suis désolée de te traîner comme ça, Bardan, je n'ai pas le choix. »

Elle essayait de ne pas l'accrocher aux branches et aux racines encastrées dans la terre et évitait le mieux qu'elle pouvait les pierres cachées. Mais ce n'était pas une tâche facile. La jeune femme fut bientôt fatiguée de tirer le corps du sorcier, et même en changeant de bras, ses muscles devinrent vite endoloris. Combien de temps avait marché ? De là où elle se trouvait, elle ne pouvait pas voir le ciel et le soleil. Il lui fallait de toute façon faire une pause. Regardant autour d'elle, Saryah repéra au loin un amas de saules pleureurs. Laissant Bardan camouflé entre deux buissons, elle partit en reconnaissance.

Une fine rivière serpentait entre les arbres. Normal, les saules pleureurs se trouvaient rarement loin de points d'eau. L'eau semblait claire et pure ; la confirmation lui vint lorsqu'elle vit plus loin entre les feuilles des arbres, un animal s'abreuver. La jeune femme se mit alors à la recherche d'un endroit où elle pourrait établir un petit camp et ne fut pas déçue en découvrant l'intérieur des branchages de deux saules entrecroisés. Comme si c'était un pin-compagnon, les feuilles descendaient jusqu'au sol et procurait une certaine barrière contre le vent, qui certes était faible en cet instant, mais qui pouvait se lever rapidement. De plus, avec les autres saules et leurs branchages, l'endroit était plutôt calme. Le sol était moelleux et aucun animal ne s'y cachait. Saryah prépara donc sa cachette : elle étala des feuilles mortes et de la mousse comme si elle faisait un lit et étendit une de ses couvertures dessus. Elle posa sa branche contre le tronc d'un deux deux arbres, et laissa son sac près de ce dernier également avant de repartir à la recherche de Bardan.

Elle tira le sorcier sur plusieurs mètres encore, jusqu'à revenir dans sa cachette. Elle installa l'homme sur son lit de fortune et étala sa deuxième couverture à côté de lui, afin qu'elle puisse s'asseoir confortablement. Allumer un feu maintenant n'était pas une bonne idée, surtout qu'il ne faisait pas froid et Saryah n'était pas sûre que les arbres ici présent apprécieraient.

« Voilà... » dit-elle à Bardan. « Ici au moins, on est plus ou moins à l'abri. »

Elle se pencha sur lui et retira la fléchette de son cou. Elle huma la pointe mais ne connaissant pas les poisons, elle ne sut déterminer l'origine de la paralysie du jeune homme.

« Je ne sais pas ce que tu as... mais... on ne peut qu'attendre. Et si ça ne va pas, si ton état se détériore, je t'emmènerais au prochain village rapidement pour trouver un guérisseur. »

Saryah lui sourit et se rassit. Elle examina la fléchette et la rangea soigneusement dans un tissu dans une poche de son sac. L'ouvrant, elle sortir une tranche de pain séché et un morceau de fromage, qu'elle mangea doucement, mâchant lentement pour savourer ce maigre repas. Elle l'aurait bien partagé avec le sorcier mais ce dernier était incapable de bouger. Et de parler aussi, ce qui désolait la jeune femme car un peu de compagnie lui aurait fait du bien.

Il était déjà invraisemblable que j'ai ainsi "abandonné" la Mère Inquisitrice, et en plus c'est elle qui me protégeait..? Vraiment, s'il existait pire journée, il fallait me le dire immédiatement! Elle m'avait emmené sous un arbre qui ressemblait à un saule pleureur. Ce devait probablement en être un... On se cacha donc à l'intérieur... Non en fait, ELLE nous cacha à l'intérieur.

Elle fit ensuite un feu et parti puiser de l'eau. Mais c'est qu'elle savait se débrouiller!! Elle revint quelques instants plus tôt, s'assit et mangea. Heureusement que j'avais déjà mangé!! Après ce qui semblait être une éternité, je sentis finalement que mes membres commençaient à reprendre de la force. J'essayais de m'asseoir et réussit!! Finalement, la substance que mon corps avait ingérée à cause de la fléchette s'était estompée. Les anticorps de mon corps avaient vraiment fait un bon boulot!

-Arrg..... On divait blien qule mon colps leplends de l'aplomb..! (traduction: On dirait bien que mon corps reprends de l'aplomb..!)

Hmm... Même si je pouvais de nouveau bouger mon corps, celui-ci était encore un peu trop engourdie pour que je puisse le contrôler entièrement... Pour ce qui était de mon corps, il était très clair que d'ici au maximum 1 heure je pourrai de nouveau courir, sauter et chanter. Mais qu'en était-il de mes pouvoirs? Je pointa donc une main tremblante vers le feu, puis je tenta de lancer une petite flamme de poing, mais rien ne se produisit. Apparemment, ça prendra un peu plus de temps à mon pouvoir pour revenir...

Heureusement, nous étions plus ou moins à l'abri ici, et les ombres avaient arrêtées de nous suivre depuis un petit moment déjà. Mais maintenant que j'y pensais, quel était ces ombres qui nous avaient attaquées? Je n'avais jamais vu ça avant, mais peut-être je réussirai à avoir des réponses en cherchant dans les grandes bibliothèques de la forteresse du sorcier. Mais avant tout, je devais récupéré!

Une chose était sûre, comme il me fallait déjà en partant un laps de temps tout de même assez long selon la distance que je prenais, mon pouvoir spacio-temporel prendra surement énormément de temps avant de se régénéré!! Mieux valait garder mes réserves d'énergie pour tous les deux nous emmener à la forteresse du sorcier, lorsque je le pourrai!

Une fois que la jeune femme eût terminé son maigre repas, elle se planta à l'orée du pin-compagnon et observa les alentours. Rien ne bougeait, à part les arbres dont les branches étaient dérangées par le vent. L'attaque dont elle et Bardan avait victimes remontait à plus d'une heure déjà mais des frissons continuaient de grimper le long de l'échine de la Mère Inquisitrice. Ces ombres... Jamais elle n'avait vu de créatures pareilles. Impuissante, elle aurait pu y laisser la vie ! Mais heureusement, un simple bâton avait pu les mettre en déroute. Du moins, pour le moment. Aucun danger n'était en vue. Saryah jeta cependant un regard perçant sur la forêt qui l'entourait. Elle redoutait qu'une de ces ombres apparaissent subitement. Mieux valait ne pas rester là. Le soleil devait amorcer sa descente dans quelques heures à peine et la jeune femme ne voulait pas rester dans les bois, alors que la menace n'était pas totalement écartée.

Mais en rentrant dans le pin-compagnon, elle constat que Bardan n'était toujours pas remis de l'attaque. Le sorcier avait reçu une fléchette et un quelconque poison s'était répandu dans ses veines, le réduisant à l'état de légume. Saryah l'avait tant bien que mal transporté dans l'abri de fortune. Et si son état empirait ? La Mère Inquisitrice frissonna en pensant à cela. Elle savait se débrouiller mais si d'autres ombres revenaient... elle ne pourrait pas les vaincre toute seule. Un sorcier était vachement utile mais pour cela, il fallait qu'il soit opérationnel.

La Mère Inquisitrice soupira et s'installa à côté de Bardan. Elle le regarda et lui offrit un pauvre sourire avant d'attiser un peu plus le petit feu qui brûlait. Combien de temps devrait-elle attendre ? Alors qu'elle imaginait toute sorte de scénarios, le sorcier remua. Saryah sursauta et le regarda reprendre le contrôle de ses membres, doucement. Il parvint à s'asseoir difficilement et articula une phrase incompréhensive. Au moins, le poison ne l'avait tué !

« Bardan ! »

Elle était contente qu'il soit enfin libre de ses mouvements. Seulement, lorsqu'il tenta de lancer une flamme de poing, rien ne se produisit. Déçue, la Mère Inquisitrice s'appuya contre le tronc du pin-compagnon. Ils ne pouvaient pas rester là, alors que les ombres pouvaient revenir à tout moment. Qu'en pensait Bardan ? Était-il suffisamment en état pour continuer à voyager ?

« On ne devrait pas rester ici. » dit Saryah. « J'ai peur de revoir d'autres ombres... mais si tu n'as pas récupéré totalement, tu ne pourras pas nous protéger contre d'éventuels dangers... Et puis, c'était quoi ces choses ? Je n'avais jamais entendu parlé de telles créatures... »

Peut-être le sorcier avait-il une idée de ce qui les avait attaqués ?

**Contenu sponsorisé**